Le sujet est largement brassé par la profession et les amoureux de la dive mousse depuis maintenant deux semaines.
Après les Brasseurs de France, c’est cette fois un des géants de la brasserie Française qui prend officiellement la parole en son nom propre au travers d’un communiqué intitulé: « Surtaxe de 160% sur la bière : Kronenbourg en appelle à la raison »
Nous vous en livrons ici l’intégralité:
L’augmentation de + 160% des droits d’accises sur la bière inscrite dans le PLFSS 2013 (Projet de loi de Finance de la Sécurité Sociale) vient d’être votée par l’Assemblée nationale. Premier producteur de bière en France, Brasseries Kronenbourg plaide pour une hausse raisonnable et juste, car elle considère que le niveau de cette surtaxe est disproportionné, inéquitable et périlleux pour l’ensemble de la filière brassicole.
• Disproportionné : les 425 brasseurs français, représentatifs à la fois d’un terroir et d’un savoir-faire ancestral basé sur la recherche du goût, génèrent un chiffre d’affaires de seulement 2 milliards d’euros pour un résultat net de 200 millions d’euros : cette augmentation surréaliste des droits d’accises multiplie la contribution des brasseurs par 2,6 la faisant bondir de 337 millions à plus de 800 millions d’euros ! Entreprise 3 fois séculaire, établie en Alsace depuis 1664, Brasseries Kronenbourg est consciente des difficultés économiques et budgétaires auxquelles l’Etat français doit faire face et souhaite contribuer à leur résolution dans des proportions mesurées qui ne mettent pas en péril l’activité voire la pérennité du secteur brassicole.
• Inéquitable pour plusieurs raisons : la bière, boisson populaire et abordable, ne représente que 16% de la consommation d’alcool en France ; la France est l’avant-dernier pays consommateur de bière en Europe ; le taux d’alcool est de 5° en moyenne dans une bière, loin derrière d’autres boissons alcoolisées. Entreprises responsables, les brasseurs veulent bien prendre leur part dans le redressement du pays, mais ils ne peuvent à eux seuls combler le déficit de la Sécurité Sociale !
• Périlleux, tant pour les consommateurs que pour les producteurs :
Pour les consommateurs de bière, la surtaxe de 160% entrainera une hausse des prix de vente de plus ou moins 20%. Dans les bistrots (qui représentent 25% du marché), le prix moyen du demi de bière passera de 2,60 à 3,10 €. Dans la grande distribution (75% du marché), la hausse sera de 15 à 25%, selon les articles. Cette augmentation de la taxation sur la bière impactera directement le pouvoir d’achat d’une frange de la population, bien souvent populaire, déjà durement touchée par la crise économique que traverse le pays.
Pour les producteurs de bière, la surtaxe de 160% affectera durablement – et dans des proportions qu’on n’ose imaginer – un tissu économique composé d’entreprises diverses et dynamiques, mais fragilisé par une baisse régulière de la consommation de bière de 38% en 30 ans, une surcapacité de production de 2 millions d’hectolitres, et une perte de près de 9 % de ses effectifs depuis 2009 (la filière brassicole est passée de 71500 à 65385 employés).
Si la surtaxe votée par l’Assemblée nationale n’était pas ramenée à un niveau raisonnable et supportable, le choc fiscal se doublera d’un choc économique profond pour un secteur brassicole fabriquant localement 70% de la bière consommée en France.
Si un amendement a déjà été adopté pour retoquer une première version de cette taxe afin de l’adapter aux petits brasseurs (ce qui n’a en rien satisfait la profession), rien ne laisse présager d’autres modifications de la part du législateur. Mais qui ne tente rien n’a rien.