Alors qu’aujourd’hui se tiennent les grands meetings des candidats à la présidence de la République française, la bière s’invite dans la campagne avec le fameux sondage du « Beer test ».

Classique et très apprécié lors de chaque élection aux Etats-Uniscelui)-ci permet de mesurer le « likability factor », à savoir le degré de sympathie ou de convivialité ressenti par les citoyens vis-à-vis des candidats.

On peut être de gauche mais préférer le candidat ou la candidate de droite pour partager une mousse, comme détester tel ou tel courant politique mais se dire qu’un verre en compagnie de son représentant pourrait être sympa ou intéressant.

Après l’élection municipale à Paris, ce test est appliqué pour la première fois dans le cadre de l’élection présidentielle française. Le sondage a été réalisé par l’agence de communication CorioLink en partenariat avec l’IFOP, un mois avant le premier tour de l’élection et au lendemain de la levée de nombreuses restrictions sanitaires.

« Nous avons importé le Beer Test des Etats-Unis pour mesurer le degré de convivialité des candidats auprès de leurs électeurs. Si ce sondage ne présage pas des intentions de vote, il nous renseigne sur une donnée essentielle : la capacité des candidats à créer un lien de sympathie avec les Français. Résultat : aucun candidat ne parvient à déclencher largement l’envie de boire une bière avec lui. Sans doute faut-il y voir les effets de la crise de confiance persistante vis-à-vis des élus. Mais aussi la difficulté à créer un lien de proximité dans une campagne qui peine à démarrer, où les déplacements sur le terrain, les rencontres avec les Français et l’organisation des meetings sont peu relayés par les médias ; des moments qui participent, en communication politique, à révéler la personnalité des candidats. Ce baromètre met également en évidence la difficulté de certains candidats, plus que d’autres, à travailler leur image de sympathie et d’empathie, qualités incontournables dans le choix du bulletin de vote. Il ne peut y avoir une rencontre entre le candidat et les Français sans ces attributs. Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et Eric Zemmour souffrent particulièrement de cette difficulté à créer un lien de sincérité avec les électeurs. Et la teneur des débats télévisés où les invectives fusent et l’agressivité domine, à l’exemple du dernier échange Pécresse – Zemmour, ne peut les aider à remonter la pente. A l’inverse, ce sont les candidats qui savent jouer de l’humour et de l’autodérision – Jean Lassalle, Philippe Poutou et Fabien Roussel – qui tirent leur épingle du jeu », rapporte Pierre Alibert, associé de l’agence CorioLink.

 

Le capital sympathie des candidats pour boire une bière en leur compagnie...

Lorsque l’on interroge les Français sur leur volonté de partager un moment convivial avec les candidats déclarés à l’élection présidentielle, nous ne sommes pas surpris de voir que Jean Lassalle dépasse toutes les intentions de vote pour se classer à la première position (39 %) ; avec tout de même un écart très important entre les hommes (53 %) et les femmes (26 %) ; écart plus équilibré chez les autres candidats. Il devance ainsi le candidat-président, Emmanuel Macron, de 2 points (37 %)

Sur la troisième marche du podium, on retrouve Marine Le Pen (31 %). Suivent, dans un mouchoir de poche, les candidats à la gauche de l’échiquier politique avec Philippe Poutou (25 %) puis Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon (tous deux à 24 %).

Quant aux candidats Eric Zemmour et Valérie Pécresse ils recueillent respectivement 22 % et 21 % d’intention de partager une bière avec eux. Anne Hidalgo, termine pour sa part bonne dernière du classement (14 %), derrière Nathalie Arthaud (17 %) et Nicolas Dupont-Aignan (19 %).

Si l’on va un peu plus loin en organisant des duels, les résultats sont également interessants.
Dans un duel Emmanuel Macron – Marine Le Pen, 35 % des Français choisissent de boire un verre avec le Président sortant contre 27 % qui indiquent leur préférence pour Marine Le Pen. 38 % des personnes interrogées ne souhaitent prendre une bière avec aucun des deux. Les écarts sont plus importants chez les moins de 35 ans (40 % Macron versus 24 % Le Pen), les dirigeants d’entreprise (50 % Macron versus 23 % Le Pen) et les Français plus diplômés (53 % Macron versus 15 % Le Pen). Marine Le Pen devance Emmanuel Macron chez les Français n’ayant pas atteint un niveau de formation supérieur au bac (36 % versus 24 %) et dans la catégorie la plus pauvre gagnant moins de 900 euros / mois (33 % versus 25 %).

Si les deux protagonistes sont Marine Le Pen et Eric Zemmour la candidate du Rassemblement National obtient la préférence de 23 % des Français. Seuls 14 % lui préfèrent Eric Zemmour. Si elle bénéficie d’une forte inclination chez les sympathisants RN et Reconquête ! (52 % versus 38 %), les deux candidats font jeu égal auprès des sympathisants LR (11% versus 10 %). A noter le fort refus des Français à partager une bière avec les deux candidats (63 %), pourcentage le plus élevé des trois duels du baromètre.

Quant à un match Valérie Pécresse – Jean-Luc Mélenchon il rebute un peu plus de la moitié des sondés (54 %) qui ne veulent pas prendre une bière avec l’un ou l’autre. Un sondé sur quatre (25 %) opte pour Jean-Luc Mélenchon, et 21 % pour Valérie Pécresse. Si 86 % des sympathisants de la France Insoumise partageraient bien une bière avec le Président de leur parti, Valérie Pécresse séduit beaucoup moins ses partisans (LR : 67 %).

En se retrouvant avec un des candidats avec une pinte, voici les sujets que les sondés auraient appréciés aborder avec le candidat leur faisant face. Les Français souhaitent massivement (71 %) aborder, en premier lieu, le sujet de l’inflation et ses conséquences sur le pouvoir d’achat. La guerre en Ukraine et le risque d’un conflit nucléaire arrivent en seconde position (34 %), suivie de près par le choix des politiques d’approvisionnement énergétique de la France (32 %). Les conditions de vie des personnes âgées et l’accueil dans les établissements spécialisés (EHPAD) souhaitent être abordés par 28 % des Français ; les catastrophes climatiques annoncées par 24 % d’entre eux.

De même, les Français voudraient avant tout profiter de cet échange autour d’un verre pour découvrir la vision des candidats concernant l’avenir du pays (54 %) et vérifier leurs connaissances de la vie réelle des gens (53 %). Ils sont aussi 25 % à vouloir mesurer la différence entre la télévision et la vie en vrai.

Les sujets relatifs à la vie personnelle des candidats (6 %) et des Français (5 %), ne font pas partie des priorités. Ils préfèrent se concentrer sur les sujets de fond, délaissant ainsi leurs problèmes personnels : en 2017, ils étaient 12 % à vouloir profiter de cet échange pour demander un coup de pouce, ils ne sont plus que 4 % aujourd’hui.

Les sujets abordés autour d'une pinte