Alors que le SNBi lançait hier son cri d’alarme au gouvernement, Brasseurs de France a sorti le même jour son Baromètre CPME – Brasseurs de France sur la situation économique des brasseurs français. Et autant dire que cela ne mousse pas très fort…
L’étude confirme en effet la fragilité de la filière brassicole, après deux années de COVID et la période inflationniste que nous traversons. Rréalisée du 20 novembre au 12 décembre 2023 celle-ci nous confirme qu’à la fin de cette année 2023 les brasseurs constatent une dégradation de leur situation globale. Un brasseur sur deux subit une baisse de sa trésorerie.
La hausse des coûts de production directs et indirects est la première raison, notamment en raison du prix de l’énergie qui, pour 81 % des dirigeants, est un un problème préoccupant pour leur entreprise. 4 brasseries sur 5 déclarent subir une hausse des prix de l’énergie. Cette hausse d’énergie impacte pour 80% des brasseries le prix de revient de leur produit à + 5%.
Ensuite l’inflation des produits alimentaires a contraint les consommateurs à procéder à des arbitrages dans leurs achats du quotidien. Et même si 92% des dirigeants interrogés n’ont pas répercuté, ou que très partiellement, la hausse des coûts de production sur leur prix de vente, le marché brassicole de la grande distribution en a bien souffert avec une baisse d’environ – 4,5% en volume sur l’année par rapport à 2022. Enfin, pour tout arranger, la météo très maussade sur l’ensemble du territoire au début de l’été n’a pas favorisé le marché du hors domicile.
Autant de points négatifs qui font que près de 2/3 des brasseries (61%) déclarent que leur taux de marge a baissé entre 2019 et aujourd’hui. Pire, la Banque de France recense pour l’année 2023, près de 60 défaillances d’entreprises brassicoles. Il y en avait 14 en 2022.
Et l’avenir ne semble pas s’éclaircir, d’autant plus que les banques paraissent guère sensibles aux problèmes des brasseurs français. 80% des brasseries interrogées ont remarqué un durcissement dans les demandes de garanties supplémentaires de la part des banques, par rapport à l’année précédente. Cela alors que 46% des dirigeants interrogés et ayant souscrit un PGE ont des difficultés à le rembourser. Pas étonnant que 60% des brasseries sont favorables à un étalement de ce remboursement.
Malgré ce tableau pour le moins sombre Brasseurs de France veut croire tout de même au fait que « 2024 peut permettre à la filière brassicole de renouer avec une dynamique de croissance, en retrouvant son niveau de 2019 ». Mais pour cela des propositions vont être soumises aux pouvoirs publics dans les prochains jours. A savoir :
Mise en place un soutien à la trésorerie ;
Etalement du remboursement des PGE ;
Mise en place d’un moratoire sur la fiscalité ;
Simplification des procédures et amélioration de la lisibilité des dispositifs de soutien à l’investissement et à l’innovation ;
Garantie d’une stabilité juridique.
« La filière brassicole, inscrite au patrimoine culturel, gastronomique et paysager protégé de la France, représente un fleuron de l’agroalimentaire français, un acteur fort de notre souveraineté, avec 2500 brasseries, dans tous les départements. Il en va de notre responsabilité collective d’accompagner cette filière », estime Magali Filhue, Déléguée Générale de Brasseurs de France.