Il y a quelques semaines le Syndicat National des Brasseries Indépendantes s’offrait involontairement un vrai mauvais timing en étant reçu à Matignon… le jour de la démission de la Première Ministre Elisabeth Borne !
Si son président a bel et bien été accueilli par le cabinet de la Première Ministre, on se dit que les échanges ont du être moyennement constructifs si l’on en croit le tout dernier communiqué du SNBi.
Celui-ci tire le signal d’alarme en affirmant que « les brasseries indépendantes au bord du gouffre en appellent au gouvernement ». Rappelant ce qui a été dit déjà plusieurs fois, également par l’autre association, Brasseurs de France, à savoir qu’une brasserie sur 10 envisage une fermeture en 2024…
Le SNBi explique qu’il appelle à l’aide depuis bientôt un an, et que « le gouvernement français reste muet face à la crise majeure qui touche les brasseries artisanales et indépendantes de France et d’Outremer ».
Le syndicat se sent oublié, rappelant au passage que l’état vient d’allouer une enveloppe de 230 millions d’euros aux vignerons indépendants alors que rien n’a été fait pour les brasseries artisanales !
Une situation qui ne peut plus durer pour Jean-François Drouin, Président du SNBi, qui s’alarme sur le fait que « nos entreprises indépendantes et artisanales ferment les unes après les autres ». De fait il lance une série de revendications qu’il espère bien voir entendue par le nouveau Premier Ministre.
Ainsi le SNBi demande une aide exceptionnelle de 20 millions d’euros pour soutenir la trésorerie de nos brasseries indépendantes dont la trésorerie est malmenée par la baisse de consommation des ménages et des augmentations de tarifs de l’énergie, des matières premières agricoles, de tous les emballages et principalement des bouteilles en verre.
Le syndicat demande de payer les mêmes droits d’accises sur l’alcool que les viticulteurs. En effet aujourd’hui les brasseries indépendantes payent 5 à 10 fois plus de droits d’accises que le vin, alors que la bière est nettement moins alcoolisée.
Une bouteille de vin à 13% alc. est taxée à 3 centimes d’euro, une bouteille de bière artisanale à 6% est taxée quant à elle à 18 centimes d’euro. « Cherchez l’erreur », ironise Jean-François Drouin en assurant que « alléger la fiscalité sur les bières artisanales redonnera du souffle à nos TPE, et leur redonnera un peu de marge ».
Le syndicat demande également une dispense de licence de vente au même titre que les viticulteurs qui eux ont la possibilité de vendre du vin sur leur lieu de production sans licence. Elle est en effet obligatoire pour les brasseries indépendantes qui pourtant « transforment également 100 % de matière première d’origine agricole ».
« Cette disposition facile à appliquer est demandée depuis 2018 par le SNBi, et serait totalement indolore pour les finances de l’état. Elle serait un coup de pouce supplémentaire pour relancer l’activité dans le contexte actuel », explique le SNBi.
Dernière revendication, la revalorisation à 70 euros de la consigne du fût de bière. Fixée par un arrêté datant de 2001, la consignation d’un fût est toujours à 30 euros alors que ce fût a une valeur actuelle largement supérieure, « ce qui occasionne de nombreux vols et des pertes financières conséquentes pour nos brasseries artisanales. Nous demandons la revalorisation de la consigne des fûts».
Il ne reste plus qu’à espérer que l’appel à l’aide du SNBi saura toucher le nouveau Premier Ministre Gabriel Attal. Si pour le syndicat « les aides demandées sont indispensables à la survie de nos petites structures et des 6500 emplois qu’elles représentent », il n’en demeure pas moins que le jeune nouveau Premier Ministre a déjà fort à faire tant les tensions sont multiples dans le pays. Nommé depuis un mois maintenant, il n’a à ce jours toujours pas finalisé son gouvernement. Pas certain que les brasseurs soient une de ses préoccupations premières.