Les instances françaises du monde brassicole ont fait le point sur le marché de la bière hexagonal, ses évolutions, ses attentes et, au travers de leurs assemblées générales, annoncé leurs travaux à venir.
Le Syndicat National des Brasseurs Indépendants (SNBI) a été le premier à tenir son Assemblée Générale et sa conférence de presse dans la foulée. C’est ainsi qu’il nous a fait part de l’avancée de ses travaux ainsi que de ceux en cours.
Il a bien entendu été question du Concours Général Agricole dont le syndicat s’était offusqué du nouveau règlement et l’apparition de catégories sur les arômes artificiels et à l’inverse l’absence de celle de Bière de Garde. Il ne cautionne donc pas ces décisions.
Par contre il se félicite d’avoir permis que la proportion d’orges françaises acceptée dans la composition des bières présentées soit de 60 % et non plus de 100% comme cela avait été souhaité par le CGA. Un pourcentage qui n’était pas atteignable pour les petits brasseurs.
Le SNBI en a profité pour annoncer qu’il travaillait pour une mise à niveau du CGA en 2018, « pour mettre en avant la richesse et la créativité de la brasserie française, comme cela devrait être le cas pour ce genre de concours ». A ce propos le SNBI a tenu à préciser que « le Concours de Saint-Nicolas de Port est un laboratoire de travail sur les catégories de bières ».
Quid du décret relatif à la composition et à l’étiquetage des produits brassicoles
Le SNBI a également abordé le décret N° 2016-1531 relatif à la composition et à l’étiquetage des produits brassicoles, publié le 15 novembre dernier (mis en application au 1er janvier 2017) et dont les premiers travaux ont débuté en… 1992.
Il s’est félicité des avancées d’autorisation d’usage des herbes et épices sous réserve de ne pas apporter leur typicité dans le goût du produit final. De même que la possibilité qu’une bière soit additionnée de toute matière végétale admise dans l’alimentation, au-delà des fruits, légumes, plantes (stipulés dans le décret de 1992), mais aussi et c’est nouveau de miel ou de boissons alcoolisées – à condition de ne pas augmenter le degré alcoométrique final de plus de 0,5% en volume.
Il ne s’offusque pas des choix sur l’autorisation des ingrédients d’origine végétale à propriété colorante, naturels par définition et qui ne sont pas des additifs, tels que les extraits végétaux, les concentrés de fruits et de légumes, des extraits de fleur, « qui ne concernent que les industriels », mais aimerait bien plus d’avancée sur les mentions bière de garde et bière « pur malt » qui font leur apparition dans le décret « mais dont les définitions sont encore floues ».
Dans le même sens le SNBI souhaite que l’on se penche sérieusement sur les appellations telles la Bière d’Abbaye (qui n’a pas été retenue dans le décret) ou de la Bière Blanche, mais aussi Barley Wine/Vin d’Orge ou bien encore Oyster Beer, Milk Stout qui sont « légalement » interdites mais belles et bien produites et, bien encore plus, importées.
Le syndicat s’est mis au travail sur un cahier des charges afin de définir des labels, ne serait-ce que pour celui de Bière Artisanale ou Bière Indépendante (rien n’est encore arrêté), « un très gros chantier afin d’apporter de la crédibilité auprès des consommateurs français, mais aussi un outil pour l’export ».
Les axes de travail portent notamment la prise en compte de critères d’origine, de process (cahier des charges), et la possibilité refaire appel à des organismes certificateurs indépendants et bien entendu d’ouvrir ce label à des brasseurs non adhérents.
Autre chantier du SNBI, la lutte contre les produits mensongers, ou n’indiquant pas précisément le lieu de production, cela visant pour exemple les bières dites d’étiquettes. C’est ainsi que les membres du syndicat se doivent d’indiquer le nom et adresse du site de brassage et d’embouteillage de leurs bières. Pour 2017 les adhérents sont aussi appelés à signaler tous les abus constatés afin d’en informer la répression des fraudes.
Le SNBI va également entreprendre des démarches pour qu’un statut de Brasseur (qui n’existe plus dans la liste des métiers !) soit reconnu.
Aujourd’hui le syndicat compte 180 adhérents, produisant chacun moins de 200.000 HL, ne sous-traitant pas et étant totalement indépendant tant sur le plan juridique qu’économique, représentant une production supérieure à 800.000 HL.
Il se veut le défenseur des intérêts des indépendants tout en travaillant main dans la main sur certains dossiers avec Brasseurs de France, et rappelle que la double appartenance est tout à fait possible pour ses membres.
Plus de 1.000 brasseries en France en 2016
Le syndicat Brasseurs de France a lui a tenu son Assemblée Générale le 9 décembre dernier avec au menu des discussions également la révision du décret dont il se félicite à peu près des mêmes avancées que celles retenues par le SNBI.
Brasseurs de France a bien entendu fait le point sur le développement de la brasserie française avec 100 nouvelles brasseries en 2015 et entre 100 et 150 nouvelles brasseries en 2016 soit 1.000 brasseries au total en France « Une tendance susceptible de se maintenir si la stabilité fiscale et réglementaire est respectée » espère-t-on chez Brasseurs de France.
Le syndicat a souligné également des investissements importants, des innovations produit et une premiumisation de l’offre, le développement de l’exportation (présence au SIAL) pour un marché dynamique faisant état du « ralentissement de la baisse de la consommation de la bière en CHR (de -3% par an à -1 % par an) ».
Pour ses actions en cours et à venir Brasseurs de France a mis en avant sa démarche environnementale en soulignant une création de micro-malterie en Rhône-Alpes et des projets dans d’autres régions. Mais aussi la demande faite à FranceAgriMer de travailler sur une plus grande diversité de variétés d’orges de brasseries d’origine française, ou bien encore le partenariat avec l’ENSAIA pour développer la culture du houblon en France afin de disposer d’une recommandation permettant de cultiver du houblon à usage brassicole partout en France et d’envisager des procédés de transformation des fleurs de houblon pour faciliter l’incorporation dans la bière.
De même le syndicat rappelle son souhait d’une agriculture urbaine sans intrants et met en avant le partenariat passé avec la Ville de Paris sur la végétalisation de nouveaux espaces verts dans la capitale avec du houblon.
Enfin dans le cadre de ses actions pour valoriser la bière Brasseurs de France a rappelé que son Guide de bonnes pratiques était en cours de finalisation, que le projet de marque collective était en cours de constitution (selon 6 critères), de même que la perspective pour 2019 de la création d’un titre de brasseur avec l’APCMA (Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat).
Le syndicat a également souligné la création à venir d’associations régionales (en plus de l’Alsace et des Hauts-de-France) en Lorraine, Pays de la Loire, PACA, Ile-de-France… ainsi que la poursuite de l’opération Moisson des Brasseurs et des projets de Routes de la bière.
Autant dire que le monde de la brasserie française est en pleine effervescence et que le travail de ces deux syndicats ne sont que bon augure pour l’avenir de la bière en France.
Bonjour,
Je vous signale une malheureuse coquille au 3e paragraphe de cet article: « armes » au lieu de « arômes » artificiels, d’après le contexte.
cordialement.
Merci ! En effet le ô saute parfois sur certains logiciels de traitement de texte fâchés avec les accents 🙁