Bière

Bière

Alors que le Sénat s’apprète à donner son avis sur le Plan de Loi de Finance de la Sécurité Sociale 2013 Brasseurs de France a tenu ce matin une conférence de presse pour «mettre fin à la confusion et parler vrai».

L’association tient tout d’abord à préciser que toutes les brasseries sont concernées par une hausse brutale, mieux, 98% d’entre elles vont voir leurs taxes augmenter de 160%. Et de citer quelques exemples comme celui de La brasserie du Marais Poitevin. Celle-ci produit 350hl par an et s’acquitte de 2.500€ de droits d’accises. En 2013, le montant sera de 6.300€. Une augmentation démentielle pour un chiffre d’affaires de seulement 80.000€, «de surcroit au moment où l’entreprise vient de déménager et a investi dans une nouvelle installation».

La Brasserie Castelain, entreprise familiale implantée dans le Pas de Calais, avec une production de 46.000hl, paye 440.000€ de droits d’accises. Elle devra payer près d’1 million d’euros, «montant qui l’oblige à renoncer à 2,5 millions d’euros d’investissements prévu pour développer son activité».

Enfin dernier exemple, la brasserie Météor, brasserie indépendante alsacienne, brasse 450.000 hl. De 4,5 millions d’euros ses accises vont passer à 12 millions d’euros pour un CA de 40 millions d’euros. Le brasseur annonce déjà devoir repenser tout son modèle économique.

Pour ce qui est des retombées pour le consommateur, Brasseurs de France a également tenu à mettre les choses au clair. «La hausse de 160% des taxes va entraîner une hausse du prix de vente de 20 à 30%, puisque la hausse de la taxe (480 millions d’euros) représente elle-même plus de 20% du chiffre d’affaires du secteur (un peu plus de 2 milliards d’euros»).

Alors que le gouvernement prévoit une hausse de 5 centimes, voire de 1 centime lorsque la hausse est ramenée au degré d’alcool contenu dans la bière, l’association tient à faire remarquer que le calcul «s’appuie sur la répercussion de la hausse des accises sur le prix au départ des brasseries, sans tenir compte de la TVA, et des circuits de distribution spécifiques à la bière, notamment des intermédiaires dans le monde des Café Hotels et Restaurants où 500 entrepositaires grossistes livrent une à deux fois par semaine 35.000 établissements».

Or, le coefficient multiplicateur sur le prix d’achat par le cafetier, qui doit tenir compte des charges de son entreprise, de l’ordre de 3 à 5 selon les établissements. «C’est donc autour de 40 centimes de hausse sur un demi qu’il faut prévoir. Ainsi de 2,60€, le prix moyen du demi (source INSEE) pourrait passer à 3€».

Pour ce qui est de la grande distribution, le prix des principales références de packs devrait augmenter de 1,50 à 2€, sur un prix de base de 7 à 10€. Brasseurs de France rappelle que «lors de la dernière hausse des accises en 1997 (+36%), les prix avaient augmenté de 4% et le marché avait reculé de 7%. Nous pouvons donc anticiper une baisse des volumes d’au moins 15% à 20% avec la hausse qui est projetée».

L’inquiétude est donc très grande, l’association prévoit en effet que cette hausse risque de porter un sale coup au marché de la bière «qui risque de s’affaisser de 15%, rendant l’outil de production surcapacitaire sur le territoire national, alors que 70% des bières consommées en France sont produites en France par 3.500 salariés» et «sont brassées en France avec des matières premières issues de l’agriculture française».

L’association a fait remarquer que le fait de «porter le taux des accises au niveau des pays européens qui taxent le plus la bière c’est porter le coup de grâce à un marché qui n’a réussi à freiner la baisse des volumes que par les efforts des brasseurs pour diversifier l’offre». Il est un fait que les pays qui taxent le plus la bière sont aussi ceux qui en consomment le plus, de l’ordre de 80 à 90 l/habitant. En France la consommation par an par habitant n’atteint que 30 litres.

Brasseurs de France souligne également que le vote de l’Assemblée Nationale en 1ère lecture a supprimé la progressivité qui avait été mise en place en-dessous de 200.000hl, et de fait a paradoxalement fait augmenter davantage la fiscalité des plus petites brasseries (Voir tableau ci-dessous).

Dernier point enfin, concernant l’argument de mesure de santé publique, l’association rappelle que les mesures prises en France depuis 20 ans ont provoqué «une baisse globale de la consommation des boissons alcoolisées mais n’ont pas fait diminuer le nombre de personnes en état de surconsommation qui lui est stable depuis 10 ans», et que les pays scandinaves, où la taxation est forte, n’ont pas constaté de diminution de la surconsommation mais que c’est bien «dans ces pays où l’on assiste à des phénomènes d’ivresses répétées en fin de semaine dans toutes les catégories de population».