La 9eme édition de Planète Bière s’est tenue dans un nouveau lieu, dans sa configuration classique après deux ans de pandémie, mais dans une conjoncture plus que compliquée avec une inflation galopante et les conséquences économiques d’une désastreuse guerre aux portes de l’Europe. 

Alors bien sûr dans ce contexte, où les prix de l’énergie et du verre flambent, les brasseurs artisanaux français, souvent de jeunes PME, ne sont pas au mieux et participer à un salon parisien, aussi plébiscité soit-il, n’est pas au rang des priorités…

Raisons pour lesquelles le nombre d’exposants a été assez réduit cette année. Cela n’a pas empêché le grand public de répondre présent à la journée du dimanche où chaque amateur de bière a pu découvrir nombre de brassins de qualité, ce pour un prix d’entrée modique au final.

Pour la journée professionnelle, nous n’avons pas les chiffres des organisateurs, mais quels qu’ils soient on a bien pu constater que l’euphorie des éditions précédentes n’était pas de mise. Au moins pour ceux qui se sont déplacés les contacts ont pu être de qualité comme les produits proposés par les exposants présents.

Pour notre part nous avons pu apprécier l’arrivée de l’offre de boissons « alternatives » à la bière que sont les cidres (coup de cœur pour le Topa Brut Pommes-Poire, les Artz Beer-Cider, les Galipette Bio et Rosé). Mais aussi pour les Noko, les kombucha de la Brasserie du Pays Flamand sans oublier le très bien fait Yoleau, ce que l’on pourrait qualifié de « vin de framboise », brassé à façon pour la jeune entreprise parisienne du même nom dans le Loiret par LBF (La Brasserie Fondamentale) 

Pour ce qui est de la bière les coups de cœur n’ont pas manqué non plus. On citera par exemple la Ninkasi Flower Lager dont les arômes floraux sont habituellement associés à une blanche. La NEIPA, première bière en boîte du brasseur de Tarare est également bien réussie, même si plus classique.  

On s’est fait plaisir chez Gallia avec la Jasmine à Poire, une Lager à la poire et au thé blanc au jasmin réalisée en collaboration avec la Brasserie de Sulauze. Parmi les Vières présentées celle qui nous a bien titillé les papilles est la Noir c’est noir, avec les jolies notes fruitées et taniques du Merlot. La Pils de Pantine (bah oui faut coller à la mode…) prouve aussi que l’on sait brasser les grands classiques dans la brasserie de Pantin(e).

Dans les Hauts de France, à la Brasserie du Pays Flamand, on sait aussi brasser et même faire maturer en fût. La gamme Wild Leeuw en est la preuve irréfutable… Coups de cœur pour la Sour Fruits Rouges Cuvée 2021 vieillie en fût de bourbon et Bourgogne rouge, mais aussi pour la Cyrano, une collab’ avec la brasserie suédoise Brekeriet pour une blonde vieillie  24 mois en fut de Montbazillac et de fut d’alcool de pomme (Skanne). 

Chez Fauve on avait l’embarras du choix, avec des houblons infusés à la pelle mais aussi avec tact. Mais nos deux coups de cœur vont à l’Imperial Stout au miel de châtaignier dosé avec minutie, et le puissant, mais parfaitement équilibré par de jolies notes acidulées, Archipel Paradisiaque. Un autre Imperial Stout à la fève de Tonka, au cacao et à la myrtille élevé pendant 18 mois dans des barriques de rhum de Barbade ayant précédemment contenu du Bourbon (malheureusement le stock semble épuisé chez le brasseur).

Autre bonne innovation, les brassins en boites 33cl de Les 3 Brasseurs (une nouvelle offre dont on parlera plus en détail prochainement) avec La Printemps qui comme son nom l’indique est une bière de printemps au bel équilibre entre le malt et le houblon fleuri. Gros coup de coeur pour la 3 Brassquetaires, une Saison à l’abricot et au thym ainsi que la Mafiorzo, une Amber Ale au seigle et à la fève Tonka (oui c’est à la mode !). 

On notera également la Berry Bad Triple de la Brasserie Parisis, une triple aux fruits et à la belle amertume, l’Imperial Stout Cognac Barrel Aged de la Brasserie Alaryk,  la Vipera l’IPA Bio de la Brasserie de Sutter ou bien encore la Grande Réserve 2022 de Chimay.

Enfin nous avons fait notre arrêt, obligatoire, au stand de la Brewers Association, où une fois de plus nous avons pu découvrir quelques folies de brasseurs du Missouri, du Texas, d’Hawaï ou de Virginie, dont certains cherchent des distributeurs en France. Nous y reviendrons prochainement au travers de nos coups de coeur.

Au final ce Planète Bière aura été un peu calme certes, mais il est aujourd’hui le seul rendez-vous bière parisien digne d’être professionnel. Espérons que pour fêter ses 10 ans le contexte social et économique lui sera plus favorable, comme pour les brasseurs.