Fondée en 2006 à Blaringhem par Olivier Duthoit et Mathieu Lesenne, la Brasserie du Pays Flamand, qui brasse notamment la très appréciée bière Anosteké, va adapter ses contenants en développant la canette et la consigne.
Au sortir de la crise sanitaire de la Covid- 19, le relais pris par conflit en Ukraine provoque une conjoncture économique pour le moins morose en France. Les conséquences sont nombreuses et impactent le pouvoir d’achat des consommateurs mais aussi l’économie des entreprises qui doivent elles aussi faire face à la hausse des coûts de l’énergie ainsi qu’à une pénurie de matières premières.
La Brasserie du Pays Flamand doit donc s’adapter au contexte mais également anticiper les demandes de demain. C’est ainsi qu’une réflexion sur les contenants lui a semblé primordiale face à la hausse inédite du prix du verre. Augmentation de 30% cette année, qui devrait de nouveau s’envoler de 25 à 30% en 2023.
Elle fait donc le choix du multi-conditionnement, mais surtout développer et démocratiser l’usage de la canette, qui présente des bénéfices considérables pour l’environnement. « Une démarche qui suscitera l’intérêt des consommateurs à l’heure où 83% des Français (+5 points VS 2020) se disent influencés par le caractère responsable d’une marque au moment de l’achat », argumente-t-on aussi du côté de Blaringhem.
“Nous nous devons d’anticiper au mieux l’évolution de notre activité et faire preuve de créativité et d’engagement chaque jour pour faire face à la société de demain et à l’avenir parfois incertain. Aujourd’hui, nous devons agir chacun à notre échelle pour préserver à la fois notre environnement, et le pouvoir d’achat du consommateur, avec une hausse des prix qui devra rester mesurée.”, explique Mathieu Lesenne.
“Nous sommes bien conscients que l’emballage en aluminium ne répond pas à tous les critères attendus en matière environnementale ; il présente néanmoins des avantages multiples par rapport à l’utilisation de la bouteille en verre, et face à l’évolution de notre environnement et aux changements à venir, il apparaît primordial de rester proactif, faire preuve de polyvalence et de multiplier nos conditionnements.”, poursuit le brasseur nordiste.
La canette en aluminium présente de nombreux avantages. Par exemple sur le plan énergétique avec un point de fusion à 660°C pour l’aluminium contre 1500°C pour le verre, un poids à transporter bien inférieur pour des contenants de 75 cl, une canette pesant 15g, contre 500g pour une bouteille de verre. A l’usage la canette refroidit plus rapidement que la bouteille en verre, et demande ainsi une consommation électrique moindre pour la conservation et le rafraichissement. Enfin côté recyclage la canette favorise l’utilisation d’un emballage parmi les mieux recyclés en France avec près de 47% de l’aluminium utilisé issu du recyclage. Sachant que celui-ci est 100% recyclable et de manière éternelle contrairement au verre.
En choisissant le conditionnement en canette, le brasseur va toutefois devoir travailler les esprits pour développer son usage, comme cela est aujourd’hui le cas aux Etats-Unis où la bière artisanale est très largement proposée dans ce conditionnement.
En effet, selon une étude menée cette année par les étudiants de l’ISA Lille pour La Brasserie du Pays Flamand, sur un échantillon de 224 personnes des Hauts-de-France âgés de 18 à 77 ans, 76% ont une mauvaise image de la bière en canette et 70,3% des répondants ne la consomment pas.
On peut tout de même se rassurer en rappelant que la canette est aujourd’hui davantage acceptée par les jeunes générations, qui n’ont pas encore des habitudes de consommation ancrées avec la bouteille en verre.
En 2023 la Brasserie du Pays Flamand mettra en canette 1 000 hectolitres, soit 3% de sa production. Dans un premier temps, seront concernées les bières phares de la brasserie, dont l’Anosteké blonde. Seront également privilégiées les bières houblonnées : IPA, Double IPA, Neipa… bières pour lesquelles ce contenant est optimal en les protégeant parfaitement de la lumière, pire ennemi du houblon. Enfin, les bières éphémères seront également concernées.
D’ici 3 à 4 ans, la brasserie prévoit de mettre en canette 10% de sa production, soit 5 000 hectolitres. Pour répondre à cet objectif, la Brasserie du Pays Flamand a investi dans l’acquisition d’une encanneuse, pour un montant total de 300 000 euros (dépalettiseur, étiqueteuse et convoyeur compris).
Pour l’achat de ses canettes, la brasserie a choisi de faire appel à des fabricants issus de la région des Hauts-de-France. Récemment, 98 000 canettes ont été mises en stock à la brasserie.
La Brasserie du Pays Flamand fait partie des premières brasseries qui ne filtrent pas et qui ne pasteurisent pas la bière à choisir le conditionnement en canette. La grande distribution s’en réjouit à l’idée de pouvoir proposer des bières artisanales sous ce format à ses consommateurs.
Elle sera également l’une des premières à proposer le format canette en 44cl. Les bières seront disponibles au sein des partenaires cavistes de la brasserie, ainsi qu’en grande distribution.
A terme le modèle idéal à proposer aux consommateurs serait la conciliation de la canette et du réemploi de la bouteille en verre. La Brasserie du Pays Flamand travaille déjà en partenariat avec différentes entreprises spécialisées dans la consigne de bouteilles. Tout en sachant que la consigne, autrefois en vigueur puis délaissée, va demander un temps certain avant de retrouver un niveau de pratique élevé.