Longtemps considéré comme un tord boyaux de saloon réservé aux cow-boys, le Bourbon a su gagner en renommée et sa part de marché a bien progressé dans l’Hexagone jusque là assez cantonné au scotch whisky.

Parmi cette catégorie de spiritueux, l’un des précurseurs sur le haut de gamme est assurément Blanton’s. Et la marque du Kentucky vient de sortir une nouvelle édition limitée, en exclusivité pour la France et La Maison du Whisky.

A cette occasion nous avons rencontré Aaron Lawrence, Brand Ambassador de Blanton’s, qui n’a pas manqué de nous rappeler le rôle joué par la marque dans la premiumisation du Bourbon.

Situons tout d’abord le décor. Nous sommes à Frankfort, capitale de l’état du Kentucky aux USA. La ville va accueillir sa distillerie, la Buffalo Trace Distillery, qui sera rachetée en 1878 par George T. Stagg qui en fera alors la plus importante des USA du XIXe siècle.

En 1897 un certain colonel Albert B. Blanton la rejoint, alors qu’il n’a que 16 ans, comme assistant de bureau. Trois ans plus tard il est nommé super intendant de la distillation, du chai et de l’embouteillage !

Avec l’arrivée de la Prohibition en 1920 la distillerie a l’autorisation de produire de l’alcool médicinal. L’année suivante Albert B. Blanton devient président de la distillerie et le restera jusqu’en jusqu’en 1952.

A la sortie de la Prohibition la production doit répondre à la demande qui explose et Blanton fait construire un chai tout en acier, le Warehouse H. Un choix de matériaux unique pour des raisons de coûts mais également de rapidité de construction.

A cette époque le colonel aimait gratifier les personnalités qui venaient à la distillerie en leur servant du whiskey issu de fûts situés au coeur de ce fameux chai. Un spiritueux plus doux, aux notes miellées et vanillées…

A l’origine de la premiumisation du Bourbon

Une anecdote qu’un certain Elmer T. Lee n’a pas manqué de relever. Arrivé dans la distillerie à la fin des années 40 en tant qu’ingénieur il  va gravir rapidement les échelons jusqu’à devenir Directeur de la distillerie et Master Distiller, « le premier au sens actuel du terme dans l’industrie du Bourbon », tient à souligner Aaron Lawrence.
Il aura la charge de créer un bourbon d’une qualité exceptionnelle. Et c’est là qu’il se souvient du choix du colonel Blanton de servir à ses hôtes le whiskey issu d’un seul fût…

« Alors que le whiskey et le Bourbon sont avant tout des boissons pour se saouler, Elmer souhaite casser le mythe du whisky de cowboy et va, en 1984, être le premier à commercialiser du Bourbon Single Cask, sous l’appellation Blanton’s Single Barrel Bourbon en hommage au célèbre colonel », rapporte Aaron.

Une pratique révolutionnaire pour le Bourbon, mise en place par Elmer T. Lee alors qu’il va prendre sa retraite un année plus tard. Une période qui aura permis de rendre célèbre la marque avec «seulement une cinquantaine de caisses produites et qu’il aura même été difficile de vendre tant le single cask n’était vraiment pas dans les moeurs à l’époque ! », s’en amuse aujourd’hui Aaron.

Ce type de production va ensuite se développer assez rapidement dans d’autres distilleries des USA (Jack Daniel’s, Heaven’s Hill…), souvent pour des produits dits « haut de gamme »…

« En fait le colonel Blanton a découvert que les parois métalliques du chai avait une influence majeure sur le vieillissement du bourbon à l’intérieur des fûts, plus que dans le chai en murs de briques », explique Aaron. Aujourd’hui encore les Bourbon Blanton’s ne sortent qu’exclusivement de ce chai.

Et encore, « seuls 20% de ceux qui y sont entreposés serviront à remplir des bouteilles Blanton’s », confie Aaron. « Certains sont remis à vieillir, pour Blanton’s ou pour d’autres marques. Comme il n’y a pas de compte d’âge pour Blanton’s, ont peut avoir des fûts entre 6 et 12 ans, avec une majorité de 10-12 ans », ajoute-t-il.

Pour être très complet quant à Elmer T. Lee, qui a sans aucun doute contribué à façonner l’industrie du Bourbon telle qu’elle est aujourd’hui, signalons aussi qu’après avoir pris sa retraite l’homme, décédé en 2013, est devenu Maître Distillateur émérite et ambassadeur de la distillerie Buffalo Trace. Il a été intronisé au Kentucky Bourbon Hall of Fame en 2001. En 2002, il a reçu le Lifetime Achievement Award de Whisky Advocate et de celui de Whisky Magazine en 2012.

Blanton’s Single Barrel Bourbon #453

Elmer T. Lee est le visionnaire à qui nous devons ces fameux Blanton’s Single Barrel Bourbons, dont le Single Barrel #453, une édition limitée à 210 bouteilles en exclusivité pour la France et La Maison du Whisky, pour sa dernière French Connections.

Nous avons eu la chance de pouvoir le déguster en compagnie d’Aaron Lawrence (merci la visioconférence !) et voici ce que nous pouvons en dire.

Embouteillé à 55 % Alc./Vol. ce Bourbon se présente dans une belle robe cuivrée avec de jolis reflets.
Le nez débute sur les notes fruitées d’oranges, fondues dans une touche de caramel et de miel. Au second nez s’installe une certaine fraicheur mentholée, avec des notes de malt et une touche d’épices.
La bouche est suave, douce et élégante, sur des notes gourmandes de fruits jaunes juteux, mirabelle, abricot bien mûr, avec une touche de cacao, avant de laisser la place à des touches épicées autour du gingembre.
Cela nous entraine vers une finale très longue, avec beaucoup de fraicheur sur une très délicate amertume et des notes mentholées qui se mêlent aux épices du bois ainsi qu’une touche fruitée et miellée.

Ce Blanton’s est un très beau Bourbon, il offre une grande complexité aromatique dans un ensemble parfaitement équilibré entre puissance et élégance.