C’est en avril 2016 que l’américain Brown-Forman Corporation (Jack Daniel, Woodford Resserve, Early Times, Canadian Mist… pour ce qui est du whiskey aux USA) s’est porté acquéreur de la BenRiach Distillery Company.

Un investissement de 285 millions de livres sterling (soit environ 325 millions d’euros) qui a fait entrer le géant américain dans l’univers du scotch whisky avec trois distilleries du nord de l’Ecosse, GlenDronach, BenRiach et Glenglassaugh, propriétés de la BenRiach Distillery Company.

Nous sommes allés sur place voire ces trois distilleries qui aujourd’hui développent leur activité de spiritourisme en mettant tout autant en avant la qualité de leurs malts que leur centre d’accueil des visiteurs.

Nous vous proposons ici de découvrir ces trois sites et leurs single malts en trois volets, chacun d’eux étant consacré à l’une des distilleries.

Commençons par BenRiach, fondée en 1898 par John Duff à la sortie d’Elgin, sur la route de Rothes dans le Speyside.

Un vrai faux départ puisque seulement deux ans après son inauguration, la distillerie ferme ses portes suite de la retentissante faillite de la maison de négoce Pattisons Limited !

Seules ses aires de maltage poursuivront leur activité, ce principalement pour alimenter en malt sa voisine Longmorn. Ce qui vaut à BenRiach d’être alors baptisée Longmorn 2.

Ce n’est que 65 ans plus tard que ses deux alambics reprendront du service, et passeront même à quatre en 1985.

En 1994 la marque BenRiach fait son apparition pour la première fois avec un single malt de 10 ans d’âge.

Mais c’est bel et bien Billy Walker, directeur général de The BenRiach Distillery Company Limited depuis sa reprise de la distillerie en 2004 (associé à deux investisseurs sud-africains Geoff Bell et Wayne Keiswetter), à qui l’on doit la vraie renaissance de la distillerie.

Une aire de maltage en service

Ce avec la mise en place d’une vraie gamme dès le mois d’août, issue du stock impressionnant de fûts en vieillissement dans les chais.

Le public découvre alors The BenRiach Heart of Speyside,  The BenRiach 12 ans, The BenRiach 16 ans, The BenRiach 20 ans et The BenRiach 10 ans Curiositas, un single malt bien tourbé.

A la fin du mois suivant les alambics repartent en chauffe et des fûts sont remplis du distillat maison pour la prière fois depuis 2002.

8 ans plus tard, en novembre 2012, un événement de taille a lieu avec la remise en service, après restauration complète, de l’aire de maltage.

C’est logiquement par cette dernière que l’on nous fait débuter la visite de la distillerie.

Elle ne sert qu’un mois par an, mais fait aujourd’hui de BenRiach l’une des deux seules distilleries du Speyside dont l’aire de maltage fonctionne.

Un passage par le kiln, dont on a pu remarquer le toit à pagode en arrivant, fait aussi partie des émotions de la visite.

BenRiach propose en effet dans sa gamme de scotchs des single malts tourbés, et c’est ici que l’on comprend l’usage de la tourbe pour « fumer » le malt. Une pratique plus particulièrement associée au whisky écossais.

Le chemin de la création du whisky se poursuit dans la salle de brassage avec les mash tun (cuve-matière) et autres cuves de fermentation.

Ici la modernité est de mise avec des installation en inox où l’eau (fortement minéralisée de la source Burmade captée au pied de la distillerie) en ébullition et le malt concassé vont donner cette « bière » qu’on laissera fermenter un certain temps (variable selon chaque distillerie et process).

Ce afin d’en tirer un jus sucré, légèrement alcoolisé, et surtout riche des arômes issus du grain mais également de la levure de fermentation.

Enfin on entre dans le saint du saint, la salle de distillation avec ses quatre alambics (2 paires) en forme de poire, typique du Speyside, avec le condenseur en extérieur.

La capacité de production est aujourd’hui de près de 3 millions de litres d’alcool pur par an.

A ne pas manquer dans cette salle le très beau coffre à alcool en cuivre, surmonté d’une pendule signée « Château de la Tour Clos Vougeot ».

Preuve que la distillerie aime les jolis fûts pour la maturation de son whisky…

Le fameux Warehouse 13  et sa collection hétéroclite de fûts

Passons d’ailleurs à la zone de remplissage des fûts, où un colosse les roule après les avoir empli à la pompe, afin des les porter dans le chai. Le fameux Warehouse 13 où se bonifient de véritables pépites.

Dans ce lieu mythique un incroyable empilement de fûts, de tailles et d’origine les plus variées, accueillant aussi bien du spirit non tourbé que tourbé et même un petit lot issu de triple distillation.

Une collection si hétéroclite qu’elle donne bien envie de se rendre dans la salle de dégustation, histoire de mieux se rendre compte du résultat au bout de ce passionnant parcours !

La gamme BenRiach est aussi large que ses saveurs sont variées. On peut se mettre en bouche avec la jeune expression Heart of Speyside vieillie en ex-fûts de Bourbon, représentant parfaitement la région.

Puis on se lancera dans la découverte du 10 ans, dans la lignée de son petit frère, mais plus rond et plus épicé issu de l’assemblage d’ex-fûts de Bourbon et de xérès.

Du même âge mais tourbé le Curiositas nous offre ici une bouche bien grasse et de belles notes cacaotées et une finale fumée et terreuse. Un Speyside qui porte fort bien son nom.

On se fera plaisir avec The BenRiach 21 ans. Passé successivement en fûts de Bourbon, de chêne neuf, de Xérès et finalement de vin rouge avant d’être embouteillé à 46%. Il offre une très belle complexité, de la fraicheur pour une finale ligue et épicée.

Son petit frère The BenRiach 21 ans Temporis est une version tourbée passée quant à elle en fûts de Bourbon, de chêne neuf, de sherry Pedro Ximenez et de Sherry Oloroso. Une bouche gourmande aux notes fruitées qui enrobent parfaitement la tourbe, puis des petites notes épicées et fraiches légèrement réglissées, pour une belle finale sur une douce fumée.

Des éditions limitées complètent une gamme immense, comme par exemple The BenRiach Cask Strength Classic Batch 2. Vieilli en fûts de Bourbon, de Sherry Oloroso, et Hogsheads de chêne neuf, embouteillé à 60.6% il se distingue par sa gourmandise avec des notes de crème vanillée, une touche d’agrume et une finale douce et miélée.

Notez que le 6 septembre dernier a vu la sortie officielle du BenRiach 1998 Cask Bottling, titrant 53,4%, pour célébrer les 120 printemps de cette fort belle distillerie. Distillé 100 ans après l’ouverture de celle-ci, il a passé 20 années dans un Hogshead (fût No.10299) de Marsala. 290 bouteilles sont disponibles uniquement à la distillerie et signées de la Master Blender Rachel Barrie.

Nous n’avons pas eu l’occasion de le déguster (contrairement au 1998 triple distillation, un 19 ans brut de fût 56,8%, sorti en 2017 et absolument fabuleux !) mais la distillerie annonce des notes de fruits épicés et de raisins confits en bouche avec une finale de chocolat à l’orange, aux raisins secs et aux noisettes avec des touches de poivre noir.

Enfin nous vous invitons également à découvrir le Birnie Moss du nom de la marque donné aux malts autrefois produits à BenRiach. Ici ce single malt embouteillé à 48% joue la puissance de la tourbe avec des notes camphrées dans une fumée présente jusqu’en finale avec des touches épicées.

Bien entendu, si vous souhaitez remonter encore plus loin dans les réserves du Warehouse 13 vous trouverez aussi de jolis flacons comme les BenRiach 25 ans et BenRiach 35 ans…

Pour la visite, sachez que la distillerie BenRiach n’est pas ouverte au public en continu. Il est nécessaire de réserver pour un circuit d’environ une heure et demie, seulement les mardi et jeudi à 10h et 14h.

Plus d’informations et réservation sur le site de The BenRiach Distillery.


En images, The BenRiach Distillery