S’il est une bière qui divise c’est bien la Desperados, créée en 1995 par la brasserie Fischer de Schiltigheim dans le Bas-Rhin.

Aujourd’hui propriété de Heineken ce coup de génie plus marketing que brassicole est encore relativement bien plébiscité des jeunes adultes, et honni des beergeeks qui voient dans ce produit le symbole même côté sombre de la bière industrielle.

Mais au delà de cette bataille franco-française il y en a une bien plus exotique puisque la Desperados a également un mauvais goût pour le Conseil de Régulation de la Tequila, institution mexicaine, qui voit le nom du spiritueux sur les bouteilles de bière d’un très mauvais œil.

C’est pour cela qu’il souhaite qu’il soit mis fin à ce qu’il considère comme l’usage abusif et non autorisé de l’indication géographique « tequila » sur les bouteilles de bière Desperados .

Le conseil estime en effet que cela encourage « à la contrefaçon de tout autre produit protégé et à la création d’un produit générique ». Son combat est l’occasion pour d’autres instances comme la Scotch Whisky Association ou le Bureau Interprofessionnel du Cognac en France de manifester leur soutien.

Dans la bataille qui oppose le conseil de la tequila à Heineken le fait que la Commission européenne a reconnu en 2019 la Tequila comme Indication géographique protégée (IGP), a redistribué les cartes.

Depuis 2017 deux procédures judiciaires on été lancées à Amsterdam et à Nanterre (92). Le tribunal français a d’ailleurs rendu une décision favorable pour la Tequila.

Mais l’an passé Heineken, soutenu par l’intermédiaire de l’Association des brasseurs européens, a contre-attaqué en demandant une investigation contre le Mexique pour “obstacles techniques au commerce” devant la Commission Européenne.

La guerre s’est alors mondialisée face à cette procédure quand une quarantaine d’associations du secteur des spiritueux et d’organisations et institutions internationales représentant les plus importantes appellations d’origine européennes ont fait savoir à la Commission européenne qu’elles souhaitaient être parties prenantes dans l’affaire.

Cela sous prétexte qu’une décision défavorable à la première Indication Géographique Protégée du Mexique ne pourrait qu’affaiblir l’ensemble du système de protection et de contrôle des Indications Géographiques.

Il faut en effet savoir que l’Union Européenne a demandé, dans le cadre d’accords commerciaux avec le Mexique, la reconnaissance de plus de 340 appellations d’origine et indications géographiques dans la région.
Le ministère de l’économie du Mexique a demandé pour sa part la défense et le respect du travail et de la tradition des producteurs de Tequila et d’agave.

De fait l’invention Alsacienne se retrouve à jouer un véritable rôle au cœur de relations commerciales internationales que son créateur, Michel Debus, ingénieur en biochimie et Maître Brasseur reconnu, alors Président des brasseries Fischer et Adelshoffen, n’aurait certainement pas imaginé !