L’annonce a fait l’effet d’une bombe chez les employés de la brasserie Gallia de Sucy-en-Brie (94) et le secteur  de  la bière française quand le propriétaire, Heineken, a annoncé sa fermeture courant 2025. 

Comment pouvait-on imaginer fermer cette unité de 6000 m2 que le néerlandais a ouvert et financé il y a seulement 3 ans après sa prise de participation dans le capital du brasseur français Gallia ? 

Certains y voient bien sûr ce fameux « tic » des géants industriels de la brasserie qui rachètent les plus petits pour faire disparaître plus simplement la concurrence. Un procédé qui en effet colle quelque peu à l’image du néerlandais. On pense également à la brasserie de l’Espérance Schiltigheim dont la fermeture a été annoncée il y a deux ans, pour une restructuration de la production.

Et c’est plus dans ce sens que le groupe a pris la décision de se séparer de son outil de production du Val de Marne. En effet le projet de fermeture de la brasserie de Sucy-en-Brie – d’ici fin mars ! – présenté aux instances représentatives du personnel le 25 novembre dernier est dû, selon Heineken, à « l’inadéquation des équipements et la taille intermédiaire de la brasserie face aux évolutions du marché de la bière au cours des dernières années ».

Pour se défendre d’une vision à moyen, si ce n’est court terme, un peu floue, le géant explique que la brasserie a été pensée en 2018, dans un contexte de marché en pleine évolution, pour soutenir le développement de la marque Gallia autour de formats destinés à la grande distribution, principalement la bouteille 33cl à usage unique.

Ce qui était sans compter sur l’imprévisible crise Covid, rapidement suivie de la guerre en Ukraine, puis de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat qui en découlent. Tout cela ayant bien sûr durement affecté le marché de la bière en France, les instances syndicales de la brasserie française ne cessent de le rappeler, freinant les consommateurs, au mieux en les orientant  vers des formats plus économiques tels la canette 50cl et bouteille 75cl. Ce qui ne va pas de pair avec la spécificité de l’outil de production actuel.

« En outre, contrairement aux prévisions initiales, les références de la marque Gallia ont la particularité de réaliser la majeure partie de leurs volumes dans les cafés-hôtels-restaurants, ce qui augmente la demande de fûts. La brasserie de Sucy ne dispose pas d’équipements adaptés à ces formats qui deviennent les nouveaux standards pour la consommation de bière artisanale », ajoute Heineken.

Celui-ci ajoute que les références de la marque Gallia ont connu un succès bien plus rapide que prévu (+50% de croissance annuelle des volumes au cours des deux dernières années) rendant la brasserie inadaptée pour produire les « grosses » références de la marque. Tout en restant trop grande pour se dédier à la seule production des petites séries de bières éphémères. « Aujourd’hui, la brasserie est largement sous-utilisée et les volumes qu’elle produit ne permettent pas d’amortir ses coûts fixes », avoue Heineken.

De fait la direction de Heineken France dit étudier des solutions pour adapter la répartition de production des volumes issus aujourd’hui de Sucy-en-Brie vers les autres sites du groupe, notamment la brasserie de Pantin. « Celle-ci demeurera le laboratoire et la vitrine de l’expérience Gallia en Ile-de-France. Un lieu innovant et créatif, doté d’un restaurant et d’un bar, où continueront d’être pensées et brassées les bières Gallia, et notamment celles de la gamme éphémère qui font son succès et sa spécificité », explique-t-on. 

De même qu’Heineken se veut rassurant auprès de ses clients en leur garantissant la continuité de la production et leur approvisionnement pendant la période de transition. Pour ce qui est des salariés de Sucy-enBrie, Heineken France, dont le projet de fermeture concernerait les 13 postes de la brasserie, a annoncé qu’une procédure d’information-consultation du Comité Social d’Entreprise a été lancée. L’entreprise « s’engage à accompagner du mieux possible les collaborateurs, notamment avec des mesures de reclassement interne au sein des autres entités du groupe en France En parallèle, un processus de recherche de repreneurs pour le site a été engagé début novembre, de manière volontaire, avec pour objectif de maintenir l’emploi sur le site ».