Si l’on se réfère aux titres de la presse en général, autant dire que le climat est morose. Il faut toutefois relativiser. Certes les ventes de bière ont continué de chuter avec un recul global de 5% pour 2008 (3,3% en 2007). C’est dans les CHR (Cafés Hôtels Restaurants) que la dégringolade est la plus dure. L’ fait état d’une chute de plus de 11%. « En lien direct avec la nouvelle réglementation anti-tabac et la diminution du nombre d’établissements » selon son dernier communiqué. Ce dernier point est très important puisque ce sont près de 6.200 établissements qui ont fermé, soit 40% de plus par rapport au début des années 2000 ! Le premier trimestre 2009 poursuit sur cette terrible tendance, avec 1.700 fermetures. Résultat, les ventes de bière en CHR affichent un nouveau recul de 8,4 % depuis le mois de janvier 2009.
Mais cela ne signifie pas pour autant que les Français n’aiment plus du tout la bière. La preuve, la consommation à domicile n’a baissé que de 2,6% en volume. Si l’on s’attarde sur les circuits de distribution, on s’aperçoit que les magasins de proximité ont vu leurs ventes reculer de 5,9%, à 1,44 million d’hectolitres, alors que le hard discount a vu les siennes progresser de 2,6%. Les hyper et supermarchés baissent quant à eux de 1,8%. Est-ce à dire que l’avenir est dans les produits à bas prix ? Certes la crise est passée par là et devrait continuer son travail de sape. Mais attention, les Français aiment les bière de qualité.
La preuve par les bons résultats des brasseurs. Les chiffres de la production sont restés stables (-0,2%), à 15,1 millions d’hectolitres, certes grâce aux ventes à l’export, mais pas seulement. Les bières dites « spéciales » (plus de 5 degrés d’alcool) et « de spécialité » (bière d’abbaye) se sont offert des hausses de 10,7 et 8,3% pour représenter pas loin des deux tiers du marché. De fait, la baisse des ventes de la bière dite classique (-6,1%) n’a en rien affecté les ventes en valeur puisqu’elles ont augmenté de 3,6%, à environ 12,6 milliards d’euros.
Maitenant il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour les CHR. Si l’été se voulait bien clément, les ventes pourraient repartir et les gens deguster leur mousse bien fraîche sur une terrase en fumant une cigarette. Selon les représentant des cafetiers et restaurateurs, une simple variation d’un degré de la température peut entraîner une hausse ou une baisse de 4 % du chiffre d’affaires ! Que l’été soit beau et chaud !
La France est le cinquième pays producteur de bière en Europe, mais occupe l’avant-dernier rang en termes de consommation. La filière brassicole a représenté un chiffre d’affaires de 12 600 millions d’euros en 2008. Elle emploie 73 316 personnes.