Le whisky est une « eau de vie » certes, mais dans l’un des débuts d’année les plus secs observés en Écosse, les distillateurs se tournent vers les chercheurs pour améliorer l’accès aux approvisionnements en eau cruciaux pour leurs produits uniques.
Des scientifiques de l’Université d’Aberdeen dirigent ainsi un projet financé par Chivas Brothers, propriété de Pernod Ricard, pour développer des solutions innovantes basées sur la nature qui pourraient aider à atténuer la rareté de l’eau, mais aussi ralentir le ruissellement de l’eau après de fortes et courtes averses.
La question est souvent revenue ces dernières semaines, l’Agence écossaise de protection de l’environnement (SEPA) ayant émis des alertes à l’échelle nationale pour les niveaux d’eau bas. Le sol sec qu’une longue période de sécheresse laisse dans son sillage peut repousser l’eau plutôt que de la laisser s’infiltrer comme le ferait un sol humide, ce qui signifie qu’il est plus difficile de retenir l’eau là et au moment où elle est le plus nécessaire.
Dans des régions comme le Speyside – qui abritent la moitié des distilleries de malt d’Écosse – il est essentiel d’assurer un approvisionnement en eau continu, aujourd’hui et à l’avenir, car des fermetures temporaires pourraient coûter à l’industrie des millions de livres.
Chivas Brothers finance de nouvelles recherches dirigées par l’Université d’Aberdeen et travaille avec l’Institut James Hutton, à la suite d’un projet réussi en 2022, axé sur la distillerie TheGlenlivet.
Là, l’équipe a démontré les avantages d’une série de petits barrages quiont pour objet de ralentir l’écoulement de l’eau en maintenant l’eau à cet endroit dans des mini réservoirs temporaires. Cela lui permet de s’imprégner dans le sous-sol afin que plus d’eau soit disponible aux moments où elle est nécessaire.
La nouvelle recherche élargira la portée géographique du projet à travers le Speyside et explorera un plus large éventail de solutions possibles basées sur la nature pour la gestion de l’eau.
Josie Geris, responsable du projet, maître de conférences en hydrologie à l’Université d’Aberdeen, a déclaré que les techniques qu’ils étudient, y compris la gestion des sols et de la végétation, pourraient apporter des avantages au-delà de l’industrie du whisky, car environ trois pour cent des personnes vivant en Écosse dépendent d’approvisionnements en eau privés et surtout vulnérables.
« Tout d’abord, nous examinerons de manière exhaustive les données recueillies à travers le Speyside et effectuerons une surveillance détaillée à The Glenlivet et sur deux autres sites de distillerie pour mieux comprendre comment les eaux de surface et les eaux souterraines sont reliées, et comment cela varie d’un endroit à l’autre », a-t-elle ajouté.
« Cela nous aidera à évaluer la résilience des différentes ressources en eau du Speyside en regard de la sécheresse et à comprendre ce qui rend certaines ressources en eau plus vulnérables, qu’elles soient motivées par la géologie, l’utilisation des terres ou d’autres problèmes.
Nous utiliserons ensuite la modélisation pour aider à la planification future et à comprendre quelles solutions basées sur la nature pourraient mieux fonctionner pour atténuer la rareté de l’eau dans toute la région. »
L’équipe de recherche, qui comprend également le Dr Mark Wilkinson (James Hutton Institute), le Dr Ronald Daalmans (Chivas Brothers), le Dr Jean-Christophe Comte et la doctorante Jennifer Pirie (Université de Aberdeen), étudiera une gamme de solutions dans les distilleries The Glenlivet, Glenburgie et Aberlour.
Jennifer Pirie, doctorante de l’Université d’Aberdeen, a déclaré que « Les techniques utilisées avec succès à The Glenlivet ne peuvent pas être appliquées partout et nous envisageons donc une gamme de mesures pour améliorer la disponibilité de l’eau dans différents environnements.
Ce qui fonctionne le mieux où dépendra des caractéristiques du site local, comme la géologie et les propriétés du sol, et il est donc essentiel que nous construisions cette compréhension et cette connaissance. »
En plus des conditions de sécheresse, les techniques que l’équipe utilisera pourraient également aider en cas d’inondation et sont applicables à d’autres problèmes environnementaux tels que l’amélioration du stockage du carbone, de la qualité de l’eau et de la biodiversité.
Le Dr Mark Wilkinson, de l’Institut James Hutton, a déclaré pour sa part, « Il y a un intérêt important de la part de diverses parties prenantes pour ces « solutions vertes » aux problèmes environnementaux et le projet est conçu pour partager des idées et pour développer une boîte à outils d’options pour différents environnements et utilisateurs ».
« Ce travail important aidera à informer le secteur du whisky sur la façon dont il peut s’adapter et atténuer les effets du changement climatique pour cette ressource essentielle. Il fait partie d’un programme plus large, appelé The River Within, qui vise à soutenir la restauration et l’amélioration des rivières dans le nord-est de l’Écosse. », explique quant à lui le Dr Ronald Daalmans, de Chivas Brothers.
En plus de soutenir les projets de recherche, The River Within de Chivas Brothers, un programme à long terme en partenariat avec trois fiducies fluviales écossaises – le Deveron, Bogie et Isla Rivers Charitable Trust, Findhorn, Nairn et Lossie Rivers Trust, et la Spey Catchment Initiative – vise à soutenir la réalisation de projets de restauration de l’habitat pour préserver, protéger et améliorer la santé des rivières et des voies navigables d’Écosse.