Il fallait s’en douter, malgré la frénésie de la réouverture des terrasses, les acteurs de la filière CHR ne seraient pas particulièrement dans l’euphorie.
A commencer par les brasseurs qui, victimes de la fermeture des établissements et l’interdiction des évènements, n’ont pas pu écouler tous leurs stocks de bières au cours des derniers mois. Surtout chez les petits brasseurs indépendants et plus encore chez ceux qui avaient particulièrement misé sur la consommation hors domicile.
Bien entendu, même si certains ont cherché de nouveaux débouchés, comme la vente de growlers à partir des fûts, ou encore la vente en grande distribution, cela n’a pas suffi à combler un déficit majeur de consommation.
C’est ainsi qu’une bonne partie des brasseurs se sont retrouvés avec des stocks de bières dont les dates limites arrivent à échéance et beaucoup ont déjà jeté des fûts et des bouteilles.
Si les bières industrielles pasteurisées, en bouteille, se tiennent un peu mieux dans dans le temps, les bières des artisans et notamment les très à la mode bières houblonnées à froid, perdent leur qualité organoleptique et ne peuvent plus être commercialisées.
Raison pour laquelle les pertes chez les brasseurs indépendants sont relativement importantes. C’est que que rapporte le Syndicat National des Brasseurs indépendants (SNBi ) d’après son sondage mené par auprès de l’ensemble des brasseurs indépendants, dont les chiffres sont les suivants :
- près d’1 brasseur indépendant sur 2 a déjà jeté de la bière !
- 90% en fûts et 10% en bouteilles.
- Plus d’1 brasseur sur 2 indiquent qu’ils vont devoir jeter de la bière dans les jours à venir.
Ainsi le SNBi estime « qu’en 2020, suite à la première vague de la pandémie, les brasseurs indépendants avaient déjà détruit de la bière qui avait été en partie compensée par une aide sectorielle de 4,5M€ que nous avions demandée. En 2021, c’est l’équivalent de 36 millions de demis de bière artisanale qui vont être détruits (90 000 HL) ! ».
Alors si le gouvernement a tout de même, jusqu’à présent, apporté un soutien aux brasseurs indépendants et artisans, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants lui demande de prendre en compte ces destructions et d’essayer de minimiser les pertes des brasseurs indépendants. Ce en réclament un nouveau soutien au Ministre de l’Agriculture, et une prise en charge des volumes de bière réellement détruits à hauteur de 50€/hl.
« Nous comptons à nouveau sur le gouvernement pour sortir nos brasseries indépendantes de cette période difficile », conclue le Président du syndicat Jean François DROUIN dans son dernier communiqué.