L’association Brasseurs de France vient de communiquer des chiffres encourageants concernant le marché français de la bière pour l’année 2018.

Celui-ci confirme en effet son dynamisme, grâce à l’innovation et à la bière artisanale notamment, et la filière est créatrice d’emplois partout en France, du secteur des matières premières à celui du produit fini.

Mais cette dynamique ne doit pas faire oublier un taux d’investissement très élevé et le fait que sur ce marché très jeune, en plein développement, de nombreuses brasseries encore loin de leur seuil de rentabilité.

Ainsi pour la 5ème année consécutive, la consommation marque une progression des volumes, avec une hausse en moyenne de 4,2% sur les deux principaux circuits de distribution : +5% en GMS +1,8% en CHR. Cette croissance est due principalement à une climatologie exceptionnelle et sans doute aussi portée par une parcours parfait des Bleus en Coupe du Monde de football.

Au total ce sont donc 23,5 millions d’hectolitres de bière que les Français ont bu en 2018. Soit une consommation de 33 litres par an par habitant, ce qui place toujours la France au rang d’avant dernier pays consommateur de l’Union Européenne…

On notera au passage la forte progression du marché des bières sans alcool. Leur part de marché s’élève désormais à 5,5 % du marché total, soit environ 2 litres par an par habitant.

Autre fait important, en plein développement, la brasserie recrute : 18,8% des emplois de l’agro-alimentaire en 2018 créés par la brasserie française

Près de 600 nouveaux emplois ont été créés au cours de l’année. Désormais, on compte plus de 1.600 établissements (contre 1.100 en 2018) pour un total de 7094 emplois directs. Il s’agit principalement de TPE et de PME (99%) réparties sur tout le territoire.

Avec 128.481 emplois directs et indirects, la filière compte 17 emplois indirects pour un emploi direct, ce qui représente un des ratios les plus élevés du secteur agro-alimentaire.

Rappelons au passage que la France est un des leaders mondiaux de la production d’orge brassicole et de malt et que les brasseurs français se fournissent quasi exclusivement en malt français.

Afin de répondre à la demande d’approvisionnement en circuits courts des nouveaux acteurs du secteur, des cultures d’orge et de houblon se développent partout en France, au-delà des régions traditionnelles.

L’activité s’avère plus importante dans les régions de production historiques de la bière : au nord et à l’est du pays mais également en région Auvergne-Rhône-Alpes, première région en nombre de sites de production.

– Grand Est 24%
– Hauts-de-France 19%
– Ile de France 21%
– Auvergne-Rhône-Alpes 10%

De beaux résultats certes mais il ne faut surtout pas porter d’oeillères et oublier ce que ce bel élan peut cacher. En effet, la filière qui se reconstruit ces dernières années, notamment au travers de nombreuses créations de petites brasseries, connaît toujours une certaine fragilité. Pas moins de 65% des entreprises n’atteignent pas encore leur seuil de rentabilité (production de moins 300 hl/an).

Pour être complet, il faut souligner que, du fait de ce secteur en plein développement, les brasseurs ont réalisé 190 millions d’euros d’investissements en 2018 (contre 131 millions en 2017) pour de nouvelles installations de production et des agrandissements de sites.

Nous pouvons voir dans cet endettement record une volonté d’aller de l’avant et la confiance en l’avenir du secteur. 

Mais c’est aussi indéniablement une prise de risque très importante qui expose les brasseries françaises. Il ne faudrait surtout pas que la demande s’inverse ou même pour certains qu’elle stagne…

Les plus pessimistes imaginent déjà que la mousse pourraient bien retomber plus vite qu’on ne le pense…

 

 

L'emploi autour du marché de la bière en France en 2018

L’emploi autour du marché de la bière en France en 2018