Les fans de bières se lancent souvent dans la collection de bouteilles, de verres, d’étiquettes voir de capsules. Certains utilisent parfois ces dernières pour en couvrir un plateau de table basse, un bar, parfois même un tabouret.

Jean-Marie Lambert lui n’est pas à proprement parler un grand consommateur de bière. Buveur très modéré de bières comme la Leffe il y a une vingtaine d’années il a, depuis le boom de la brasserie artisanale, changé de fournisseurs. S’il est resté sur les bières blondes plutôt rafraichissantes et commencé à apprécier les IPA, il n’en demeure pas moins un buveur très raisonnable.

Pourtant notre homme ne lésine pas sur la capsule ! Aussi s’il en use même beaucoup c’est parce qu’il s’est trouvé un bon réseau de dealers (dont votre serviteur…) qui lui récolte ce dont il a besoin pour créer.
Car Jean-Marie ne se contente pas de « paver » de capsules des surfaces planes. Il réalise de vrais tableaux en jouant sur les teintes et les dessins des capsules comme un peintre pointilliste pose ses petites touches de couleur sur la toile du bout de son pinceau.

« En fait j’avais déjà réalisé le portrait de mon neveu, comme l’affiche de The Truman Show, avec des photos de visages de la famille. Puis un jour à l’ile de Ré, j’ai vu un sol fait en mosaïque de capsules chez un brocanteur, alors je me suis dit que ce serait pas mal de travailler avec ce matériel», nous explique Jean-Marie.

Or nous l’avons déjà dit, Jean-Marie ne siffle pas assez de bières pour accumuler rapidement le nombre de capsules nécessaires à la création et , de fait, a pas mal procrastiné quant à son projet qui ne démarrera que bien plus tard.

Mais depuis quelques temps l’artiste a réalisé pas moins d’une dizaines d’oeuvres. Des reproductions de chef-d’oeuvres de la peinture (La jeune fille à la perle de Vermeer, un autoportrait de Van Gogh, La Joconde de Vinci, etc.). Mais aussi des personnages de Star Wars ou bien encore plus récemment le footballeur Diego Maradona.

Et pour réaliser ses oeuvres Jean-Marie doit travailler durement. Après la collecte, notre homme va commencer par redresser les capsules les plus abimées. « J’ai en effet acheté un encapsuleur pour redresser sur une bouteille les capsules trop tordues », s’amuse-t-il.

Ensuite c’est l’heure du tri, effectué en photographiant chacune des capsules, pour les cataloguer avec des mots clés sur les couleurs, les dessins, logos, etc. qu’elles portent ! « j’ai profité de la période de confinement pour tout photographier de nouveau sous un bon éclairage afin d’obtenir les bonnes couleurs, sans reflet, puis les ranger classées dans la maison, de manière à les retrouver facilement lorsque j’en ai besoin. Il y en a partout aujourd’hui, mais je sais exactement où elles se trouvent », s’amuse-t-il.

La création va se faire ensuite à partir d’un tableau de peintre, d’une photo. Jean-Marie va travailler à l’ordinateur pour identifier les différentes zones de couleur de l’image qu’il va reproduire et ainsi choisir les capsules qu’il va utiliser. « Je commence par travailler au sol, sur un carton. Bien sûr le premier coup n’est jamais parfait. Il est indispensable de retoucher en fonction du rendu de chaque capsule qui peut varier selon sa brillance, l’angle selon lequel on regarde la création », explique-t-il.
Enfin, le peufinage achevé, Jean-Michel colle avec soin, au silicone, les capsules sur une planche montée sur un châssis.

On notera également que Jean-Marie essaye de « caser des capsules qui me plaisent bien, qui ont un lien avec l’oeuvre. Quand j’ai fait Maradona, après sa mort, j’ai mis une capsule avec un numéro 10 (la trappiste de Rochefort), une avec un ballon (qui plus est une bière argentine) et un éléphant rose (Délirium Tremens) ».

Pour trouver ces pépites, au delà de commandes spéciales auprès de ses « dealers », c’est par l’échange avec des collectionneurs, parfois étrangers qu’il passe. « j’ai fait récemment affaires avec un Russe, un Argentin et un Brésilien », nous rapporte-t-il alors qu’il a dans l’idée de travailler sur le footballeur brésilien Socrates.

Aujourd’hui Jean-Marie aimerait bien pouvoir exposer afin de trouver des acheteurs. En galerie, mais aussi dans des bars à bière par exemple. Bien sûr il travaille aussi à la commande. « La première a été une représentation de Chateaubriand, mais malheureusement l’acheteur a vu son oeuvre partir en fumée dans l’incendie de sa voiture qui la transportait ! Aujourd’hui je travaille sur la commande d’un Mohamed Ali », nous confie-t-il.

Alors, pour les beergeeks qui souhaiteraient acquérir leur « toile » en capsules, il suffit de passer commande auprès de Jean-Marie. Attention, créer ces oeuvres demande du temps. De quelques semaines pour les plus petites à un 1 bon mois pour du grand format. Question coût, Jean-Michel fixe les prix à la capsule: 3 euros. Pour La Jeune fille à la perle, il en coutera 975 euros, la « toile » étant composée de 335 capsules !

Voir l’Instagram de Jean-Michel Lambert.

Quelques réalisations de J.M Lambert