Coup de tonnerre en Bretagne, la distillerie artisanale Glann ar Mor (Celtic Whisky Cie), qui produit notamment les whiskies Kornog et Glann ar Mor, a annoncé via un communiqué qu’elle allait fermer ses portes le 15 août prochain !
Il s’agit d’une décision prise par la direction de la distillerie, à savoir Martine et Jean Donnay, suite aux modalités définitives de l’Indication Géographique Protégée (IGP) « Whisky Breton ».
Une IGP dont les deux dirigeants ne veulent accepter la légitimité, considérant que le cahier des charges définissant ce que peut ou ne peut pas être un « Whisky Breton » n’est pas à la hauteur de ce qu’ils seraient en mesure d’attendre.
Au point que pour Glann ar Mor cette IGP en l’état va remettre en cause son modèle économique, et notamment le développement qui lui était indispensable à sa pérennité.
Pourtant Martine et Jean Donnay s’étaient déclarés enthousiastes quant au projet d’une appellation destinée à protéger et valoriser les whiskies produits en Bretagne.
Selon eux ses modalités favoriseraient aujourd’hui un produit standardisé correspondant à un modèle économique de type industriel. « Le whisky « syndical » breton ça n’est pas pour nous » rapportent Martine et Jean Donnay.
Ils affirment que pour « pouvoir exister à côté des industriels les artisans doivent pouvoir exprimer leur différence en allant au bout de la démarche qualitative et en exprimant leur créativité ».
Si les dirigeants de Glann ar Mor ont toutefois accepté de faire des concessions, ils ont par contre estimé totalement inacceptable « les modalités finales de l’IGP telles qu’elles ont été entérinées par l’INAO, et ce avec un seul des quatre producteurs bretons » (la Distillerie Warenghem NDLR).
Celles notamment qui déclarent que leur whisky de seigle Single Malt ne peut adhérer à l’IGP et ainsi ne peut déclarer ou même faire comprendre que son origine est bretonne. Et au cas où la distillerie adhère à l’IGP, alors ce Single Malt n’aurait plus le droit de dire qu’il est un « Single Malt » et se retrouverait ainsi dévalorisé compte-tenu de l’engouement que connait ce type de whisky aujourd’hui en France.
Martine et Jean Donnay rapportent également que les modalités finales de l’IGP leur interdisent d’utiliser « le petit alambic à plateaux tout en cuivre de la distillerie. Un vrai bijou auquel Glann ar Mor tenait absolument pour produire certains Single Malts »
A ce jour l’IGP « Whisky Breton » a été validée en France, sa validation européenne est en cours à Bruxelles qui devrait donner sa réponse dans quelques mois.
Cette cessation d’activité, alors que cette dernière était en plein essor avec une croissance de 25% sur le dernier exercice, grâce notamment à des ventes dont la progression s’accélérait en France et à l’export, jette un froid sur les côtes bretonnes.