Comme le vin, la bière a ses spécialistes. Le pendant d’oenologue pour notre dive mousse est bièrologue. Zythologue en Belgique.
Si l’on met ces deux termes au féminin, on obtient le même mot, mais surtout quelques rares personnes, comme Elisabeth Pierre, qui prouve avec merveille que la bière n’est pas qu’une affaire d’homme.
Nous vous invitons, au travers d’une interview à en apprendre plus sur son parcours, sa passion, son métier, sa vie oserait-on dire.
A quelle occasion avez-vous découvert la bière ?
Ma première rencontre avec la bière remonte déjà loin : j’avais 11 ans ! c’était à la brasserie de Sochaux, lors d’une visite de mon collège. Je me souviens de la salle de fermentation à cuves ouvertes, toute carrelée à l’époque. Dans les cuves de fermentation ouvertes, les hautes mousses, l’odeur de levure très forte. C’était très impressionnant. Et surtout, je me souviens des parfums dès l’entrée de la brasserie, une odeur de malt chaud, qui rappelle celle de «l’Ovomaltine» mais avec un côté chaud en plus : c’est une odeur très caractéristique en brasserie, unique, celle que l’on sent dans les salles de brassage du monde entier… c’est une odeur absolument extraordinaire, magnifique, qui me remplit de joie à chaque fois que je visite une brasserie… c’est un peu ma madeleine de Proust à moi…
Qu’est-ce qui vous a fait devenir bierologue ?
Pendant mes années passées à Brasseurs de France, j’ai rencontré des passionnés de tous horizons, des brasseurs évidemment, avec des profils très différents, de tous pays, des chefs, des sommeliers, des spécialistes de bières, des œnologues… Dans toutes ces rencontres, il y avait une constante : la recherche du goût et du plaisir. Une personne a particulièrement joué un rôle dans mon métier de biérologue : Mario d’Eer, que je connais depuis… 20 ans, et un grand nombre de grands chefs. Ceux avec lesquels j’ai eu l’occasion de beaucoup travailler, comme par exemple, Emile Jung, Antoine Westermann, Patrick Cirotte, Guy Martin, Christian Constant, Bernard Broux… Ce sont eux qui m’ont le plus appris dans le domaine du goût, de la dégustation, des accords bières et mets.
Quel est votre parcours ?
Mon parcours est très atypique !
J’ai une formation universitaire de langues classiques et romanes, d’où ma fascination pour l’Antiquité et le Moyen Age.
Puis j’ai exercé des fonctions marketing et communication dans l’agro alimentaire et dans la restauration. Je suis arrivée dans la brasserie française début 1989, la fédération recherchait quelqu’un pour créer l’activité communication, fédérer des prescripteurs autour de la bière, et surtout redorer l’image de cette boisson !
J’ai notamment créé une politique de communication autour de 4 principales dimensions de la bière : gustatives (Bière et Mer, Bière à Table), culturelles (Bière de Mars, Bistrots en Fête), nutritionnelles (salons et études scientifiques) et agricoles (Salon International de l’Agriculture, Concours Général Agricole Bières).
J’ai surtout en tête les efforts déployés avant 1998 pour convaincre la profession d’implanter la bière au salon de l’agriculture… A l’époque, l’idée d’implanter la filière bière dans ce salon jusqu’ici plutôt réservé au vin était disons, difficilement acceptable pour les brasseurs…
Pendant ces 12 années, j’ai sans cesse œuvré pour faire mieux connaître les facettes gustatives des bières. C’est mon sujet de prédilection, avec celui de la bière et des femmes !
Avez-vous rencontré des obstacles, des railleries du fait que vous êtes une femme et que la bière est souvent associée à l’univers masculin ?
Justement non, jamais à l’extérieur de la profession. Le fait d’être une femme dans cet univers a plutôt joué en ma faveur et en celle du produit, j’en suis convaincue. Cela a toujours plutôt été un facteur de curiosité et de surprise. En revanche, au début des années 90 pour certains marketeurs de brasseries, le fait d’être une femme était plutôt un désavantage, j’ai dû m’imposer beaucoup plus, que n’aurait eu à le faire, je pense, un homme… face à certains dirigeants peu enclins à suivre une femme sur des territoires inhabituels comme la table, la dégustation…
Ce qui est amusant, c’est de voir aujourd’hui combien ces territoires de communication sont privilégiés par toutes les brasseries …
Quels sont selon vous les moyens à mettre en oeuvre pour montrer que la bière est un produit à la fois simple mais plein d’intérêt gastronomique ?
C’est un travail de longue haleine qui a commencé comme je l’ai dit il y a maintenant 20 ans… les moyens sont toujours du même ordre : proposer de déguster, apprendre à servir la bière dans les règles de l’art, amener le public à faire des découvertes gustatives et à marier les bières avec les mets.
On vous connait surtout pour vos Tastings bières, au cours desquels vous amenez les particuliers à mieux déguster, à découvrir des bières que vous avez-vous-mêmes à cœur de faire découvrir, et où vous démontrez toute l’étendue des mariages possibles entre les bières et les mets. Vous êtes également formatrice pour les professionnels. Pouvez-vous expliquer comment vous travaillez et ce que vous apportez de nouveau ?
En tant que formatrice (mon métier initial), je travaille avec les professionnels de la restauration, les cavistes, les détaillants, les barmen, les distributeurs, et bien sûr les brasseurs.
J’ai la chance d’avoir une expérience pédagogique axée sur la relation client et le développement d’activité, avec une sensibilité marketing forte.
Mes modules de formation visent à développer la connaissance des bières, la dégustation.
Que ce soit pour former des barmen à la connaissance du produit, pour former des chefs de rayon à la dégustation, des restaurateurs aux accords bières et mets, ce sont toujours des formations « sur mesure », qui répondent à des besoins précis, pas des solutions identiques pour tous, qui n’ont à mes yeux, qu’un intérêt très limité.
Apporter des connaissances sur le produit, sur sa dégustation, sur sa présentation, permet de valoriser l’offre. Mieux connaître le produit, pour mieux en parler, et au final, mieux le vendre…C’est la finalité de ces formations.
Mon petit plus ? Fournir des outils pratiques, adaptés à l’entreprise, qui peuvent aller jusqu’à la création de cartes de bières, d’accords, et l’organisation d’animations autour des bières.
En événementiel d’entreprise, ces animations peuvent avoir des thématiques diverses ( Bières et Fromages, Bières et Chocolats, Team brassage), mais elles visent toujours à favoriser les échanges en interne, l’esprit d’équipe, la convivialité. Ce sont de formidables occasions festives, qui sortent des sentiers battus.
Quelle est votre vision de la biérologie en France, un terme plus en plus utilisé et une activité qui semble se développer ?
C’est très positif ! Plus on parle de biérologie, mieux ce sera pour le produit. En revanche, attention à ne pas dévaloriser le métier… Il ne suffit pas de travailler dans une brasserie pour devenir biérologue, ni de suivre 2 jours de formation sur le produit, même si c’est un bon début !
Les techniques de dégustation et l’analyse sensorielle sont une chose, la pratique et l’expérience en est une autre. Comme pour un sommelier ! Impossible de conseiller, d’analyser, de marier sans une pratique constante, régulière, avec une approche et une curiosité multi styles de par le monde…
Pour moi, l’activité de biérologue intègre forcément la notion de transmission de connaissances, de partage de savoirs. C’est un véritable métier, et les formations que j’anime vont dans le sens d’une professionnalisation. Je préfère le terme de «spécialiste de bières» ou «d’experts bières», plus complet et plus explicite. Mais le plus important pour moi, c’est le plaisir que j’ai à chaque dégustation, de faire partager ma passion !
Avez-vous un projet particulier qui vous tient à coeur ?
J’en ai plusieurs ! Celui qui me tient le plus à cœur ? Un festival de bières à Paris !
Retrouvez Elisabeth Pierre et ses activités sur son site Les Bières d’Elisabeth
Allez vite visiter la page Facebook d’Elisabeth Pierre
Bonjour
Content de te trouver
C’est moi
Votre pianist et compositeur
J’ai appris de l’harpe
J’aimerai bien vous voir
Donne moi une signe
Bonjour,
Content d’avoir une interview d’Elisabeth avec qui j’ai pu échangé quelques fois sur Twitter.
Sa connaissance de la bière est un modèle pour moi, jeune biérophile !
Merci,
Thomas