Cyril Hubert, représentant français candidat libre

Cyril Hubert, représentant français candidat libre

Il n’y a pas que le vin qui a le droit à son concours mondial de sommellerie.

Notre savoureuse bière, dont le mariage avec les mets semble convaincre de plus en plus de monde, a aussi son championnat du monde des sommeliers de la bière.

Sa cinquième édition se tiendra le 10 septembre prochain à Munich en Allemagne. Ce sont près de 60 sommeliers, représentant 15 pays, qui se confronteront autour de 3 épreuves.

Une écrite, sur le principe du QCM, une autre sur une épreuve de dégustation à l’aveugle où le sommelier doit classer les différentes bières dégustées dans un formulaire avec les dénominations des styles.

Une troisième épreuve enfin se fait au travers d’une dégustation de bières aromatisées. Et, de la même manière, il est demandé de remplir un formulaire avec les désignations des arômes en fonction de chacune des bières dans un formulaire préétabli.

Au bout de ces trois exercices ce sont 6 finalistes qui vont devoir s’affronter dans le cadre d’un round final assez corsé.
Chaque finaliste se voit présenter une liste de bières dont il devra en choisir une.

Alors débute une série d’exercices tel le service à la bouteille, la dégustation suivie d’une description complète de la bière, une proposition sur des accords mets et bière etc… ce devant un jury d’experts qui déterminera le vainqueur.

Les participants à ce championnat du monde, organisé par la prestigieuse école allemande Doemens, sont issus des concours nationaux organisés dans des pays du monde entier, et participent en équipe.

Or, en France il n’existe pas de championnat national de sommellerie pour la bière comme il en existe un pour le vin.

Pourtant il y aura bien un Français à ce championnat du monde, et il sera seul, sans équipe !

Il s’appelle Cyril Hubert, c’est un ancien chef de rang qui a travaillé dans de grands établissements en France et en Suisse.

Résidant suisse depuis plus de 10 ans, mais francophone et francophile puisque Français, nous avons eu l’occasion de le rencontrer lors d’événements et de dégustations et pouvons vous confirmer sa passion pour notre boisson adorée.

L’ascenseur émotionnel maintenant je connais !!

Quelques quelques semaines avant le concours nous l’avons eu au téléphone où ils nous a annoncé qu’il allait représenter la France en « candidat libre ».

Ce statut de « candidat libre » nous a étonné et nous avons voulu en savoir plus. L’histoire de Cyril est épique et sa participation à l’épreuve finale tient du miracle !  

« Comme je suis certifié sommelier Suisse de la bière depuis 2014 j’ai voulu participer au championnat Suisse qui a eu lieu le 18 février dernier. », rapporte Cyril.  

« J’ai donc préparé mon entrainement pendant plus d’un an, je me suis inscrit ils m’ont envoyé le règlement que j’ai mal lu et de leur coté ils m’ont inscrit sur la liste de présence qui a été diffusée sans vérifier ma nationalité. 

Sachant que j’étais le seul Romand (Canton de Vaud) à participer, tous les autres candidats étaient des Suisse-Allemands, j’ai été médiatisé dans les journaux locaux et, la veille du concours au matin, je reçois un e-mail de l’organisateur qui me demande la confirmation de ma nationalité Suisse ou si j’ai la double nationalité car il ont lu dans un des articles parut dans le 24heures que je suis Français vivant en Suisse depuis 10 ans… »

« Je prends peur et je les appelle. Là on me dit que je ne peux pas participer car je ne suis pas Suisse… A ce moment là tu as juste envie de pleurer ! Pour moi c’est la fin de quelque chose de grand auquel je me suis préparé et investi… »

« 10 minutes plus tard Marcel Kreber, le directeur de l’Association Suisse des Brasseries m’appelle en personne… Il me confirme que je ne peux pas participer mais m’invite quand même à venir voir la finale du concours national à Zurich, et me dit également qu’il a discuté avec l’organisateur du championnat du monde, alors jury au concours Suisse, pour que je participe comme ambassadeur de la France (car il n’y a pas d’équipe) en candidat libre … j’étais fou …. l’ascenseur émotionnel maintenant je connais !! », raconte encore ému Cyril.

« Donc je suis allé voir cette finale pour 2 raisons : la première pouvoir discuter avec les deux organisateurs des championnats Suisse et du monde, pour avoir une confirmation directe comme quoi je participerais bien à ce championnat et régler des détails comme celui de la langue. En effet celles du concours sont l’Anglais, l’Allemand, le Portugais, l’Espagnol et l’Italien mais pas le Français… » 

« Je parle peu l’anglais, en tout cas dans le domaine de la bière, et j’estime que c’est pas en 7 mois qu’on apprend à parler anglais correctement ».


« J’ai du demander à ce que les tests écrits soient traduits, et si au cas ou j’atteignais la finale si je pouvais avoir droit à un interprète »


« On m’a répondu oui aux deux …. j’ai ensuite eu confirmation par mail, j’ai ensuite reçu mon bulletin d’inscription … voila comment j’ai été qualifié pour le championnat du monde ! »

« Il est clair que j’aurai aimer faire le championnat Suisse pour me jauger, savoir ou j’en étais par rapport à mes connaissances et ma pratique, mais là on m’a mis directement dans le grand bain ! J’ai pu voir en direct les 4 représentants de l’équipe Suisse. Je sais à qui je vais avoir à faire pour le mondial», précise Cyril.

Ces précisions pour le moins incroyables obtenues, nous avons voulu savoir comment Cyril se préparait au championnat. Et là aussi, notre Français n’a pas manqué de nous surprendre.

Entrainement en solitaire

« Pour commencer, compte tenu que la première épreuve est écrite, je révise mon classeur de cours et j’élargis au maximum mes connaissances de la bière. 

J’ai donc décidé de recopier mon classeur et de me faire un index bierologique plutôt complet sur les différents aspects de la bière, son histoire, les différentes méthodes de brassage, les différents styles et leurs caractéristiques, etc », rapporte-t-il.

Jusque là rien d’exceptionnel certes. 

« Ensuite je dois m’organiser pour faire des dégustations à l’aveugle …(tout seul ce n’est pas facile). Je fais des dégustations triangulaires (3 verres, 2 bières différentes mais avec le même aspect visuel. Une est servie dans 2 verres et l’autre dans le verre qui reste et je dois retrouve l’intrus).

 »

« Je fais aussi des dégustations à l’aveugle complète. C’est à dire que j’essaie de retrouver le style avec seulement l’analyse olfactive et gustative, sans aucun repère visuel. C’est compliqué pour certains styles… »



« J’ai également un coffret avec des arômes artificiels que je teste à l’aveugle, je vais bientôt faire en août avec des confrères une dégustation de bières avec des défauts, voila comment je m’entraine… », confie Cyril

.

Ce qu’il faut savoir c’est que l’équipe Suisse, dans laquelle Cyril avait pu être intégré, est sponsorisée par une grosse brasserie, ce qui est tout de même plus simple pour les frais…

Mais aussi que ses membres s’entraînent ensemble. Ainsi, si l’un d’eux n’est pas motivé, les autres sont là pour le faire bouger…

« Alors que moi je n’ai personne, je dois tout faire tout seul de A à Z, de la communication aux entrainements, etc. », tient à préciser Cyril.



« Mais parfois ça a du bon d’être autodidacte, je vais me donner à fond et faire avec les armes dont je dispose et on verra bien. C’est déjà une victoire que d’avoir la chance d’y participer et de représenter mon pays… même si je suis seul ! », se réconforte tout de même notre tricolore.

Et Cyril Hubert s’est même fixé un sacré challenge, celui d’aller en finale, et de finir sur le podium !

A n’en point douter les vacances de Cyril vont être studieuses, placées sous le signe des malts et des houblons ! Nous ne pouvons que lui souhaiter de bonnes… révisions !