La « gnole » en Bretagne ce n’est pas nouveau. C’est même inscrit dans le patrimoine ! Un peu comme dans le Nord de la France. Aussi ce n’est pas étonnant si la distillerie bretonne de Warenghem a été créée en 1900 par un certain Léon du même nom, un gars du Ch’Nord venu s’installer sur la Côte de Granit Rose. Et cela pour y produire des liqueurs de plantes, et notamment l’Elixir d’Armorique avec 35 botaniques. Un vrai succès.
Les générations de « ch’tis bretons » s’enchainent à la tête de la maison jusque’à ce qu’en 1967, Paul-Henri, qui sera le dernier Warenghem, s’associe avec un gars du cru, Yves Leizour. Le besoin de place en regard du développement les fait transfèrer la distillerie du centre de Lannion à l’entrée de la ville, au dessus de la source Rest Avel qui signifie « la demeure du vent » en breton. Et pourtant cela, au vu de l’avenir, n’en sera pas !
Quand on est Breton on l’est à fond et c’est ainsi que Gilles Leizour, pharmacien de formation, succédant à son père au début des années 80, choisi de développer les produits régionaux et crée bien évidemment un chouchen.
D’où l’importance de l’eau de source, a mélanger avec le miel bien sûr. Baptisé Melmor, son succès est au rendez-vous, au point qu’un groupe de punk-core celtique (si, si ça existe et ça envoie du lourd !), chantant en langue bretonne, en prend le nom en 1994 !
L’arrivée du Whisky Breton
Mais l’importance de l’eau atteint son paroxysme en 1987 lorsque la distillerie débarque sur le marché du whisky avec le WB – Whisky Breton, un blend composé de 25% de Whisky de Malt et de 75% de Whisky de grain. Car oui, pour réaliser ce spiritueux, il en faut de l’eau, et de la bonne !
Puis c’est en 1993 que Gilles Leizour fait construire une distillerie entièrement consacrée au whisky, avec deux bons gros alambics en cuivre. Pour faire son whisky il faut aussi brasser et c’est ainsi que la maison agrandi l’installation de brassage de la distillerie pour fabriquer de la bière. Les Bier Breizh voient le jour et sont aujourd’hui (re)connues sous la marque Diwall.
En 2016 Gilles Leizour s’offre une retraite bien méritée et c’est David Roussier son gendre qui prend la direction de la distillerie. Celle-ci poursuit sur la voie du succès et la construction d’un nouveau chai devient indispensable. C’est ce qui est fait, en double finalement, en 2019, accompagné d’un nouvel, et très beau, centre d’accueil du public pour Armorik avec salle de projection, espace d’exposition et salle de dégustation. La Distillerie en profite pour être labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant.
Puisqu’il est toujours bon de remercier ceux qui participent à votre succès, l’an passé la distillerie a lancé son club pour la marque de whisky Armorik, baptisé Chai n°4, Armorik Whisky Club. Au programme pour les adhérents des embouteillages inédits, des avant-premières sur les édition limitées, des visites spéciales de la distillerie et autres évènements dédiés.
Aujourd’hui Armorik c’est une gamme permanente d’une douzaine de single malts et près de 5 à 6 éditions limitées.
Une tonnellerie et bientôt un bar ?
Et comme rien ne semble vouloir apaiser le développement de la distillerie Warenghem, celle-ci a racheté cette année le site de l’ancien abattoir de Lannion pour y installer une tonnellerie et certainement en faire un lieu touristique.
Une décision prise après le départ à la retraite de Jean-Baptiste Le Floc’h, dernier tonnelier breton, qui fournissait depuis près de vingt ans la distillerie de Lannion avec ses fûts de chêne réalisés à Douarnenez.
« Quand Il a arrêté de fabriquer ses fûts, comme il n’y avait pas d’autre tonnelier en Bretagne on a pensé reprendre l’activité. Soit en rachetant les machines, soit une tonnellerie indépendante », explique David Roussier. Mais il s’avère que Benjamin Le Floc’h, fils du Jean-Baptiste, exerce aussi le métier de tonnelier… à Brive-la-Gaillarde (Corrèze). « J’ai commencé l’apprentissage en 2012, puis j’ai travaillé en Champagne et dans le Gers. J’ai exercé en Champagne et dans le Gers. Mon père m’avait proposé de reprendre l’entreprise, mais être tonnelier en Bretagne, cela ne me paraissait pas une bonne idée », rapporte-t-il.
C’est alors que la vente des abattoirs, près 1 000 m2 de bâtiments, s’est présentée. Alors David Roussier contacte Benjamin pour lui présenter le projet de tonnellerie dans l’abattoir. Celui-ci est séduit, il réussi à convaincre sa femme et revient sur ses terres natales, pour relancer la tonnellerie Le Floc’h, à Lannion cette fois, et surtout en partenariat indirecte avec la distillerie.
Aujourd’hui les machines, dont certaines ont plus de 100 ans, ont été ramenées de Douarnenez, et la seule tonnellerie de Bretagne a commencé a tourner avec Benjamin Le Floc’h aux commandes et seul artisan. « Aujourd’hui c’est une production de 1 fût par jour, mais l’objectif est d’arriver à 2 par jour pour la fin de l’année », s’enthousiasme Benjamin. Bien entendu les fûts sont réalisés à la commande de Warenghem mais rien n’empêche la tonnellerie de produire pour d’autres clients si besoin.
Si à l’heure actuelle seule une petite partie des 1000m2 de l’ancien abattoir de Lannion est occupée par l’atelier, un autre bâtiment devrait prochainement accueillir certaines activités de la distillerie, comme par exemple la production des liqueurs, des autres spiritueux que le whisky et peut-être de la bière.
Enfin David Roussier ne cache pas qu’il aimerait bien ouvrir sur le site un bar avec une terrasse semi-ouverte où l’on pourrait se retrouver notamment autour du whisky Armorik…
Nous ne pouvons que conseiller au personnes qui passent dans la région de Lannion d’aller visiter la distillerie de Warenghem. Il y a déjà de belle choses à découvrir et à déguster, en attendant le bar de l’abattoir…
La distillerie de Warenghem et la tonnellerie Le Floc’h en images:
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