A une heure de route au nord, nord-ouest d’Aberdeen, à Forgue dans les Highlands, la route B9024 se laisse sur la droite et l’on descend dans une petite vallée perdue et verdoyante de l’Aberdeenshire avant d’arriver sur un petit groupe de bâtiments.

Surplombant légèrement l’ensemble, une jolie demeure, la maison de maître de The GlenDronach Distillery. Quelques privilégiés peuvent y séjourner, tels de gros clients, certains invités, mais pas d’accueil spiritourisme. Dommage le lieu est superbe et pour le moins tranquille…

On ne risque pas d’être dérangé par les voisins. Seule une colonie de corbeaux, qui a élu domicile dans les arbres entre la maison et les chais viendra vous sortir du lit à l’heure où le jour se lève… Une légende dit même que la distillerie GlenDronach serait protégée par un « parliament of rooks ». Une croyance partagée depuis toujours par les employés de la distillerie, quelque peu superstitieux.

Leur chant annonçant la venue de visiteurs, ils étaient de précieux complices à l’époque où l’on produisait du scotch sans vraiment le déclarer. Cela permettait d’anticiper l’arrivée des agents chargés de collecter les taxes… Toute légende se fonde sur des faits réels…

Un savoir-faire de près de deux siècles

Juste en dessous du jardin et de l’arbre à corbeaux, la distillerie et ses chais. The GlenDronach, dans le panier de courses de l’Américain Brown Forman Corporation (Jack Daniel, Woodford Reserve, Early Times, Canadian Mist…) lorsqu’il s’est porté acquéreur de la BenRiach Distillery Company, est une pépite des Highlands.

Créée en 1826 par James Allardice, elle aura connu parmi les plus grands propriétaires de l’histoire du scotch whisky, tels la famille Grant, Wm Teacher & Sons, Pernod Ricard… dont l’intérêt était surtout de fournir du single malt à leurs blends.

Pourtant GlenDronach, dont le nom signifie « la vallée des mûres » en gaélique, est aussi une distillerie réputée pour la qualité et la personnalité de ses Single Malts. 
Celle qui a fermé ses aires de maltage et cessé toute activité en 1996 a repris du service en 2002, mais pas le maltage. C’est aussi sous cette ère Pernod-Ricard que les alambics à chauffe directe au charbon sont passés à la vapeur, faisant ainsi disparaitre la chauffe directe d’Ecosse.

Aujourd’hui les deux wash stills et les deux spirit stills en cuivre permettent de produire environ 1.400.000 litres d’alcool pur par an.

Mais avant d’en arriver là c’est un savoir faire de près de deux siècles qui a été déployé. Le malt des malteries de Port Gordon, dont l’orge a pour origine les collines environnantes, va passer au bon vieux moulin installé là il y a près de 100 ans.

Broyé finement, il est brassé lentement, près de 6 heures, dans un bedonnant mashtun au corps en fonte et au dôme de cuivre afin d’en extraire au mieux l’amidon.

Fermentation et distillation lentes

Il est temps pour cette bière de partir en longue fermentation (entre 60 et 96 heures) dans les 9 immenses (18.000 litres !) washbacks en bois. Le plus ancien est en pin de l’Oregon, les autres ont été remplacés par du mélèze écossais, mais le bois demeure, excellent support des bactéries et autres substances qui apporteront de belles saveurs au futur distillat.

Nous voici arrivés dans la salle de distillation, au coeur d’un bâtiment dont l’allure est du à sa construction de la fin des années 60 et n’est donc pas à retenir…

Les 4 alambics en forme d’oignon et aux cols de cygnes élancés n’en demeurent pas élégamment alignés et efficaces pour venir à bout de leurs 6.000 et 9.000 litres de charge.

Là encore on va prendre son temps avec deux distillations de 6 heures chacune (chiffre magique ?) pour que le new make gras et superbement aromatique apparaisse enfin, dans le superbe coffre, aux alentours de 70° d’alcool.

Le futur single malt scotch whisky va rejoindre les fûts pour entamer un vieillissement dont The GlenDronach s’est forgé une belle réputation de savoir faire.

Depuis ses débuts, The GlenDronach a élevé son whisky dans des fûts de Xérès, célèbre vin espagnol, avec une prédilection pour les fûts de Pedro Ximenez et d’Oloroso.

Au spirit déjà bien savoureux vont ainsi s’ajouter des notes de noix et d’épices issues de l’Oloroso, le Pedro Ximenez apportant quant à lui du fruit et de la rondeur.

Mais le résultat final ne sera réussi qu’après un assemblage pointu. Aujourd’hui, avec l’arrivée aux manettes de Brown Forman, c’est Rachel Berrie qui est Master Blender pour The BenRiach Distillery Limited.

Autant dire que cela devrait être positif, celle que l’on surnomme « Lady Blender » ne manque pas d’expérience et a déjà fait savoir qu’elle ne ferait pas de révolution chez GlenDronach, qu’elle souhaitait juste faire toujours mieux et notamment optimiser les fameuses notes fruitées du Single Malt. Les fans peuvent être rassurés !

Des single malts complexes, puissants et élégants

En effet les Single Malts The GlenDronach sont reconnus pour leur belle complexité, l’équilibre entre élégance et puissance.

L’un de ses symboles étant à n’en point douter le GlenDronach 15 ans qui a fait depuis sa première apparition plusieurs Revival dont le dernier à l’automne dernier.

Toutefois la distillerie offre bien d’autres belles réalisations moins rares et moins couteuses pour se faire plaisir.

Dans la gamme The GlenDronach 12 ans est un single malt vieilli en fûts de Xérès Pedro Ximenez et Oloroso. (Environ 60 euros)

Pour apprécier la puissance du sherry cask il y a le 18 ans, vieilli intégralement dans des fûts de Xérès Oloroso, il est un parfait ambassadeur de la maison GlenDronach. (Environ 130 euros)

The GlenDronach 21 ans, baptisé « Parliament» en hommage aux corbeaux de la distillerie, vieilli dans les meilleurs fûts de Xérès, est quant à lui une Sherry Bomb incontournable. (Environ 160 euros)

Notons également que Rachel Barrie a sélectionné certains fûts de Xérès de 1990, 1992 et 1993 pour réaliser The GlenDronach 24 ans Batch 9. Nous n’avons pas eu l’occasion de déguster cette référence proposée à environ 550 euros.

Nous avons par contre bien apprécié The GlenDronach Peated, un single malt tourbé qui a débuté sa maturation en en fûts de Bourbon avant de la poursuivre un bon moment en fûts de Xérès Oloroso et Pedro Ximenez. Ici la tourbe se marie avec élégance aux notes fruitées et épicées des fûts de sherry. Un joli mariage pour un plaisir à s’offrir pour environ 57 euros.

Spriritourisme dans l’Aberdeenshire

Pour découvrir d’autres single malts de The GlenDronach il est vivement conseillé de venir les déguster sur place. La nature écossaise alentours s’offre aux visiteurs avec ses collines ondoyantes, ses montagnes, la Mer du Nord. Pour s’offrir un bon dîner, et même séjourner, on conseillera le très chic Castle Hotel de Huntly, joli bourg à visiter également. Enfin et bien sûr la distillerie est aujourd’hui dotée d’un vrai centre d’accueil et propose divers niveaux de visite et de dégustations.

Comme pour réaliser du scotch whisky The GlenDronach, il faut savoir prendre son temps…

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de The GlenDronach.


En images The GlenDronach Distillery

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