La bière, nom commun féminin, désigne une boisson fermentée à base de céréales, apparue sur terre il y a des millénaires et fabriquée à l’origine par des femmes.

L’industrialisation a fait évoluer les choses, le rapport à l’alcool également, et petit à petit cette savoureuse boisson est devenue pour beaucoup, et notamment de nombreuses femmes, « une boisson de beaufs qui matent des matches de foot en bouffant des chips sur leur canap’ »

Mais depuis quelques années la bière a retrouvé ses lettres de noblesse, au point d’arriver sur de belles tables et même d’être consommée et appréciée par de plus en plus de femmes, et ce dans toutes les strates de la société.

Aujourd’hui de nombreuses femmes brassent de la bière, et ce pas seulement dans les brasseries artisanales (on vous en parlera très prochainement d’ailleurs) et certaines vont même jusqu’à monter des associations (Buveuses de bière à talon aiguille, dont nous avons déjà parlé ici, et d’autres dont nous parlerons bientôt.).

En 2007, aux USA, c’est l’association américaine Pink Boots Society qui a été créée par Teri Fahrendorf, brasseuse dans l’Oregon et portant des bottes roses…

Cette organisation rassemble les femmes tirant tout ou partie de leurs revenus de la bière, salariées ou gérantes, qu’elles soient brasseuses, impliquées dans la distribution, dans une cave ou un bar à bières, zythologues ou consultantes.

Pink Boots Society souhaite favoriser l’entraide et le réseautage entre femmes, ce en organisant des rencontres et des formations et, de fait, promouvoir le travail et l’expertise des femmes dans le milieu brassicole, ce dans le monde entier.

L’association dans sa structure française (ou « french chapter ») est en cours de création. Il existe actuellement plusieurs groupes effectifs ou en création en Europe parmi lesquels ceux de l’Espagne, la Suède, le Benelux et l’Allemagne.

Parmi ses actions notables, l’association américaine a créé le le Pink Boots Collaboration Brew Day, façon de participer à la Journée Internationale des Droits des Femmes le 8 mars. Les membres de la Pink Boots Society et ses différentes branches se rassemblent dans des brasseries du monde entier, chaussent leurs bottes roses et brassent la bière qui leur plaît.

L’association partage ensuite le bénéfice des ventes de ces bières collaboratives avec les branches participantes. Les revenus sont utilisés pour financer la formation et la spécialisation des membres de l’association.

En 2018, l’association a noué un partenariat avec Yakima Chief Hops – un acteur majeur du houblon – pour proposer un mélange exclusif de houblons dédié au Pink Boots Collaboration Brew Day.

Chaque année, les membres de l’association créent un nouvel assemblage pendant la réunion annuelle d’automne de la Pink Boots Society.

Yakima Chief Hops se charge de l’approvisionnement et du conditionnement des houblons afin qu’ils soient disponibles pour toutes les brasseries participant au Pink Boots Collaboration Brew Day.

La première édition française a été accueillie par la Brasserie O’Clock Brewing à Bois d’Arcy (78), le 8 mars 2019, à l’initiative de trois femmes : Garlonn Kergourlay, consultante indépendante, Dorothée Van Agt, caviste, zythologue et brasseuse et Mélanie Antier, responsable commerciale chez O’Clock Brewing.

Le brassage a réuni une vingtaine de femmes professionnelles de la bière de la France entière et donné naissance à une NEIPA (New England India Pale Ale, bière houblonnée, trouble et fruitée), la « It’s Pink O’Clock », officiellement lancée lors du Lyon Bière Festival qui s’est tenu les 27 et 28 avril 2019.

Cette année deux brassages collaboratifs sont prévus. Le premier brassage sera accueilli le lundi 9 mars par la Brasserie de Sulauze (Miramas, 13) et le deuxième brassage le mercredi 11 mars 2020 par la Brasserie Caporal (Toulouse, 31). Infos et inscriptions sur la Page Facebook de la Pink Boots Society France.

Les bières issues de ces brassages seront commercialisées et promues lors d’événements festifs dédiés à la bière partout en France, comme le Lyon Bière Festival, les 11 et 12 avril 2020.

Nous avons reçu un communiqué de presse annonçant ainsi ces événements: « Dans une période tumultueuse où des hommes brassent des « bières de femmes » pour le 8 mars et où un homme condamné pour pédophilie se voit décerné le titre de « meilleur réalisateur » par le cinéma français, les femmes de la bière se réunissent pour faire entendre leur voix et présenter leurs métiers au public à l’occasion de deux brassages collaboratifs »

Nous tenons a rappeler que les « deux hommes », des belges, qui ont brassé une bière pour le 8 mars l’ont fait pour la même cause, à savoir apporter leur touche houblonnée à cette journée. 
Ils ont été harcelés sur les réseaux sociaux pour une erreur de titraille de la part d’un quotidien belge qui a alors parlé de bière « féministe ».
Ils s’en sont expliqués dans une interview réalisée par Olivier Malcurat et son excellent podcast Le Pod’Capsuleur… qui a eu le droit lui aussi à un tweet ravageur (comme quoi c’était un homme qui interviewait 2 hommes pour une histoire de femme !!!!). Tweet bizarrement rapidement effacé par son « autrice », celle-là même qui avait lancé la polémique sur la Fée’minine, bière blanche aux notes d’Hibiscus. Qualifiée de « pour femme » car elle est rose, comme les bottes de nos brasseuses ?…

D’autre part le communiqué précise que « ces brassages sont ouverts à toutes les femmes en lien avec la bière mais aussi à toutes les autres et … aux hommes qui soutiennent ces femmes ». Là encore nous nous posons la question de quel homme qui s’opposerait au brassage de la bière par des femmes serait-il intéressé de s’y rendre ?…

Enfin, il est précisé dans ce même communiqué que la Pink Boots Society a aussi pour objectif « de mettre fin aux stéréotypes genrés sur la bière ». Une excellente initiative que nous soutenons, dans la limite de la raison et en évitant les amalgames… C’est bien plus efficace à notre avis !

Enfin nous nous posons la question de l’absence de réaction (à notre connaissance) sur la présence de comptes Instagram (la plupart nord américains) tenus par des femmes et mettant la bière dans des contextes que certains qualifieront de sexy, d’autres sexistes…

Après ces quelques mises au point et autres questions, rappelons que le plus important reste de célébrer la Journée Internationale des Droits des Femmes comme il se doit, entre femmes et hommes, si possible autour d’une bonne bière, blanche, blonde, brune… et même rose !