C’est dans le petit village de Watou, au coeur de la province de Flandre-Occidentale, que se trouve l’une des plus emblématiques brasseries de Belgique : St. Bernardus. Une institution brassicole qui attire et accueille aujourd’hui les amateurs de bière du monde entier.

L’histoire de la brasserie remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet en 1945, la désormais célébrissime abbaye trappiste de Saint-Sixte à Westvleteren, située à quelques kilomètres de Watou, décide de mettre fin à la commercialisation de ses bières pour se recentrer sur la vie monastique. Mais pour perpétuer leur savoir-faire, les moines choisissent de confier la production de leurs bières à Evarist Deconinck, un brasseur local, qui fonde la Brasserie St. Bernardus.

Cette collaboration entre l’abbaye et la brasserie permet ainsi de conserver les recettes historiques des bières trappistes, avec l’autorisation d’utiliser la célèbre levure Westvleteren. Pendant plusieurs décennies, les bières de St. Bernardus sont produites sous licence trappiste, jusqu’à ce que celle-ci prenne fin en 1992. En 1997 elle perd le droit d’utiliser le label « Trappiste » et du nom « Sixtus ». Le moine devient rieur, perd sa calotte et troc son froc de bure contre un manteau pour devenir noble. Toutefois, aujourd’hui, la brasserie continue de suivre scrupuleusement les anciennes méthodes de brassage, ce qui lui vaut une reconnaissance internationale.

Notamment grâce à sa gamme de bières d’abbaye, dont la St. Bernardus Abt 12, souvent comparée à la légendaire Westvleteren 12, et pour cause. Cette quadrupel riche et complexe est considérée comme le fleuron de la brasserie, avec ses arômes de fruits secs, de caramel et de levure, ainsi que sa finale chaleureuse. Nombreux sont les fans de St. Bernardus à dire que c’est elle l’originelle aujourd’hui.

Outre l’Abt 12, la brasserie propose d’autres bières qui ont rencontré le succès, telles que la Prior 8, une dubbel aux notes maltées, et la Tripel, plus légère et épicée. Au passage, le 12 et le 8 ne concernent en aucun cas les degrés d’alcool, mais la densité en moût qui autrefois servait à calculer les droits d’accise sur la bière en Belgique.

Les amateurs de bières plus légères ne sont pas oubliés avec la St. Bernardus Wit, une blanche rafraîchissante, dont la recette a été créée avec le célèbre brasseur Pierre Celis, fondateur de la brasserie De Kluis dans son village natal de Hoegaarden, qui a vu naitre, entre autres, la mythique bière blanche du même nom.

Aujourd’hui, la Brasserie St. Bernardus est bien plus qu’un simple lieu de brassage. Elle est devenue une véritable destination de tourisme brassicole, attirant des visiteurs curieux de découvrir l’art du brassage traditionnel belge. La brasserie a en effet ouvert en 2018 un très beau parcours qui propose des visites guidées, permettant de véritablement plonger dans son histoire et d’observer les différentes étapes de la fabrication de ses bières.

Le site de la brasserie est également fort d’un espace de dégustation où les visiteurs peuvent découvrir,  dans un cadre convivial, les différentes créations de la brasserie. De plus, le bar-restaurant adjacent, appelé Bar Bernard, offre une vue panoramique sur les champs de houblon environnants, renforçant ainsi l’expérience immersive. Aux beaux jours on se pose sur son immense terrasse pour profiter encore mieux de ces moments de dégustation.

Comme nombre de grandes brasseries belges si la Brasserie St. Bernardus est particulièrement bien ancrée dans la tradition, cela ne l’empêche pas d’innover. En 2012, elle a par exemple lancé une série spéciale de bières vieillies en fût de chêne, baptisée St. Bernardus Oak Aged, pour offrir une nouvelle interprétation de ses recettes classiques. 

La même année a été lancée un brassin, la St.Bernardus Tokyo, pour célébrer l’ouverture du premier café sur le thème de la St.Bernardus dans la capitale japonaise. Depuis 2020 la St.Bernardus Tokyo est de retour, avec une nouvelle recette qui comprend une large quantité de blé, qui situe cette bière entre une bière blanche et une bière de saison.

Proposée en canette, une innovation aussi pour la brasserie, son illustration a été réalisée par Jonas Devacht, un jeune illustrateur belge. Elle reflète la vie nocturne japonaise dans les rues emblématiques de Kanda, le quartier où se trouve le café « Brasserie St.Bernardus ».

Et l’aventure ne cesse de s’écrire pour cette brasserie qui maintient la tradition brassicole belge tout en s’engageant dans une démarche durable en investissant dans des technologies respectueuses de l’environnement et en ayant lancé la culture de son propre houblon.

 

La Brasserie ST. Bernardus en images